samedi 30 janvier 2021

MONSTRES ANGLAIS (James SCUDAMORE)

 Livre surprenant et passionnant. Merci à Babélio et aux éditions La Croisée de m'avoir fait connaître un nouvel écrivain.

Étant la première  sur Babélio à écrire sur cet ouvrage je me permets d'en faire un résumé succinct. 

Le sujet principal du roman est la pédophilie en milieu scolaire.

Max, un jeune quadragénaire, raconte son histoire. Le livre comporte quatre grands chapitres.

"Batard" : En 1986 Max a dix ans. Il passe des vacances chez ses grands-parents. Pour son  grand-père, personnage truculent, il manifeste une affection profonde. Les vacances terminées il entre comme pensionnaire à l’École sur la Colline. Il y restera trois ans. Il se liera d'amitié avec quelques camarades. Certains professeurs ont des rapports ambigus avec les élèves. Dans ce collège  sont encore appliqués, notamment par l'un des professeurs, des châtiments corporels souvent arbitraires : "il a saisi mon poignet et il a frappé, trois fois, comme s'il achevait un animal blessé".  Les parents ne sont pas au courant de ces abus.

"SOS" : Max est étudiant en lettres. Il a rencontré une jeune musicienne Holly. "Comme la plupart des jeunes , à vingt ans, je me considérais parfaitement adulte, mais lorsque je regarde les photos de l'époque, je vois un gosse." Il retrouve d'anciens condisciple de l’École des Collines, Luke, Ali Simon...

Par son grand-père il apprend qu'un des professeurs du collège a été mis en examen pour attentat sur mineurs. Cette information va le perturber.  Par ailleurs l'un de ses camarades lui apprend avoir eu des rapports avec un autre  professeur, mais laisse entendre qu'il était en partie consentant. Max est déboussolé "car l'empathie a des limites qui se heurtent à l'absence d'expérience. On peut se représenter intellectuellement les choses, mais on ne peut se forcer à les éprouver."

"derniers jours" :  Le grand-père meurt. Holly  et Max se sont quittés. Il vit avec Katharine, petite sœur de Luke. Elle est enceinte. Le sujet principal du roman reste celui des lourdes conséquences, pour certaines victimes, des rapports sexuels non consentis entre professeurs et élèves.

"La couronne d'Angleterre" : Le fils de Max a neuf ans. Max et Katharine sont séparés. Il vit seul. Refusant de suivre Simon pour revoir le cadre de l'école, il se rend, comme en  pèlerinage, dans l'ancien jardin de son grand-père. Il ressent un peu de sérénité.

La dernière phrase du livre est pour son fils : "Dés le moment où j'ai posé les yeux sur lui, j'ai su que c'était lui qui était là pour m'apprendre des choses, et non l'inverse."

  Ce roman anglais  m'a rappelé  les deux premiers tomes de la trilogie de Jonathan Coe (Le Cercle Fermé et Bienvenue au Club), non pas à cause du thème traité  mais sur celui des liens entre des  jeunes garçons en période scolaire puis dans les années qui suivent.

Ce qui me frappe à la lecture de cet ouvrage c'est non seulement la quantité d'alcool consommée par ces jeunes hommes mais les mélanges qu'ils font.

Sur le plan narration si  l’histoire  se déroule de manière  chronologique , le passé s’insère régulièrement entre les paragraphes.

Conclusion : La lecture de cet ouvrage est très agréable. L'écriture est fluide.



mercredi 27 janvier 2021

NATURE HUMAINE (Serge JONCOUR)

 Nature humaine  raconte  une période de la vie d'Alexandre et de sa famille de 1976 au 31 décembre 1999. Alexandre a quinze ans en 1976. Il est le seul garçon de la fratrie Fabrier. C'est la raison pour laquelle il  a accepté de rester à la ferme et  de prendre, le moment venu, la succession du père, agriculteur dans le Lot. 

Si côté vie professionnelle  Alexandre semble un garçon sérieux, côté vie privée il apparaît plutôt naïf.  Pour les beaux yeux de Constanze, une jeune allemande de l'Est, il accepte de fournir de l'engrais à des activistes pour "faire péter les centrales avant qu'elles soient construites".

Raconter la vie quotidienne d'Alexandre et sa famille permet à Serge Joncour d'expliquer  l'évolution de  la profession d' agriculteur sur vingt cinq ans:  suppression de certaines  cultures pas assez rentables, développement des élevages intensifs substituant la quantité à la qualité.

L'un des mérites  de ce livre c'est aussi d'inscrire l'histoire individuelle des Fabrier dans une actualité et des événements multiformes. Sont notamment évoqués la sécheresse, les grandes surfaces, les autoroutes,  le développement du téléphone, le minitel, le Larzac, l'élection de F Mitterand, Tchernobyl, la chute du mur de Berlin, les deux tempêtes de 1999... La lectrice que je suis a ressenti un peu de nostalgie pour ce  passé.

j'ai beaucoup aimé ce livre, l'écriture est fluide, l'histoire plaisante, la description de la nature remarquable: " l'été tout le coteau est recouvert de millions de fleurs bleues, quand tu marches dedans c'est comme flotter dans un océan de menthe fraiche..."

Avant de découvrir ce roman je n'avais  lu de Joncour que "repose-toi sur moi". J'ai trouvé que ces deux ouvrages  ont une sorte de  point commun : la différence sociale entre les hommes, Ludovic et Alexandre et les femmes dont ils sont amoureux, Aurore et Constanze.

vendredi 22 janvier 2021

LA CUREE (Emile ZOLA)

Napoléon III règne sur la France. En 1853 il charge le Baron Haussmann,  préfet de la Seine, de transformer Paris pour en faire une ville aussi prestigieuse que Londres. Ces travaux seront l'occasion d'une énorme spéculation immobilière. Ces manœuvres financières, spéculatives et douteuses serviront de sujet à Émile Zola pour écrire La Curée.

De la "meute" de personnages créés par Zola émergent  trois protagonistes Aristide, Renée et Maxime.

Aristide Rougon est monté de Plassans à Paris avec l'intention de faire fortune. Il est accompagné de son épouse Angèle. De santé fragile Angèle décède rapidement. Grace à l'intervention de sa sœur Sidonie Aristide se remarie avec Renée Beraud du Chatel, non par amour mais pour sa dote, dote qu'il  lui permet de réaliser son rêve c'est à dire  faire fortune. C'est sous le nom d'Aristide Sacccard qu' il s'introduit  dans la bulle spéculative.

Le couple  loge  dans un hôtel particulier  au luxe tapageur  donnant sur le parc Monceau. Pendant qu'Aristide se consacre à ses affaires, Renée, habillée par le grand couturier Worms, s'étourdit en courant de fête en fête. Maxime, fils du premier mariage, vit  avec eux. C'est un personnage nonchalant, faible, efféminé. Andrée développera pour lui un sentiment maternel, puis de l'amitié et enfin, ce qui la perdra, de l'amour.

C'est un monde sordide, affligeant et sans foi ni loi que décrit Zola. Les personnages homme sont des petits bourgeois enrichis par la spéculation ou des aristocrates plutôt décadents. La plupart des femmes ressemblent à des écervelées, tuant l'ennui avec leurs amants.

Un regret  j'ai trouvé beaucoup trop de pages contenant des descriptions, et tout  particulièrement les descriptions sur l'aménagement de l'hôtel particulier, les toilettes d'Andrée et les soirées mondaines. Je sais bien que c'est l'une  des marques des romans du XIXe siècle. Il est vrai qu'à notre époque,  saturée de multiples représentations visuelles, les écrivains ont nul besoin de rédiger de telles pages.  

Malgré cette petite réserve j'ai beaucoup apprécié La Curée que je n'avais jamais lu contrairement à d'autres ouvrages de la série des Rougon-Macquart. En revanche, et il y a bien longtemps, j'ai vu l’adaptation libre du roman par Roger Vadim avec  Jane Fonda dans le rôle de Renée.

 


dimanche 17 janvier 2021

LA FERME DES ANIMAUX (george Orwell)

 Drôle non seulement de livre mais surtout de lecture.

Le style , ou l'écriture, appelons cela comme on veut ,  m'a amusé : Un écrivain invente une histoire dont les héros sont des animaux et plus spécialement des cochons...les animaux  ont décidé de se débarrasser de l'homme propriétaire et de gérer seuls leurs nouvelles conditions. L'homme-lecteur/la femme/lectrice  adhèrent  et souscrivent aux sept commandements,  encore un rêve ? et oui ! Les cochons prennent le pouvoir et commencent à penser comme les hommes. Le monde de la ferme des animaux basculent dans le monde de la tyrannie : simple comparaison avec le monde de  Staline.

J'ai été moins angoissée par la lecture de la ferme des animaux que par 1984 : dans le deuxième il s'agit d'homme et femme soumis à une surveillance insupportable,  au non-respect dramatique, alors que dans le premier, malgré le problème évoqué, il s'agit d'animaux, ce qui amoindri un peu le sujet.

Bien sur, c'est une très mauvaise appréciation de ma part car les deux ouvrages n' ont qu'un seul objectif : dénoncer le totalitarisme.

Lecture intéressante, à méditer. 


samedi 16 janvier 2021

A RUDE EPREUVE (Elisabeth Jane HOWARD)

Le deuxième tome de la saga des Cazalet couvre la période  septembre 1939 -hiver 1941. L’Angleterre vient de déclarer la guerre à l'Allemagne. La famille Cazalet s'est retirée à Home place dans le Sussex. Si la propriété est assez loin de Londres pour ne pas être concernée par les bombardements, ses habitants connaîtront quelques difficultés comme le rationnement  atténué toutefois  grâce à l'ingéniosité de leur  cuisinière, Mme Cripps.

Edward et Rupert s'engagent, Hugh se charge de l'entreprise, il est secondé par Rachel. Les épouses font de la couture et du raccommodage. Elles sont occupées par les enfants , notamment les plus jeunes. Willy aide sa mère pour gérer la maison, donne des cours de premiers soins, Zoé fait la lecture à un blessé, Sybil est souffrante. Leurs vies conjugales sont assez perturbées.

Dans cet opus l'autrice s'intéresse plus particulièrement aux trois adolescentes : Louise (17 ans) fille  d'Edward et Willy, Polly (15 ans) fille d'Hugh et Sybil et Clary (15 ans) fille de Rupert. Deux chapitres du livre sont consacrés à chacune d'elle. Elles s'interrogent  sur la vie, la sexualité sujet pour laquelle leurs connaissances sont plus que succinctes et sur  leur avenir : Louise rêve de théâtre, Clary d'écriture, Polly de maison. Elles se sentent incomprises par les adultes qui les considèrent encore comme des enfants. 

Outre la famille Cazalet d'autres  personnages traversent  cette histoire, citons Michael, Archie, Miss Milliment...

A Rude Épreuve est plus sombre qu’Été Anglais. Si la guerre est en arrière plan des problèmes plus personnels viennent assombrir le quotidien de la famille : Maladie, deuil, disparition, comportement ambigu, infidélité...

La vie, pour ne pas écrire les aventures, des Cazalet est décrite pas l'autrice d'une belle façon, minutieuse et plein de détails, avec de l'empathie pour ses personnages qui, à quelques exceptions près, nous paraissent intéressants et attachants. C'est pourquoi la précommande pour le troisième tome, à paraitre en mars prochain, est déjà faite . Le quatrième tome est annoncé pour mars 2022, quant au cinquième pas d'information.



samedi 9 janvier 2021

UNE MEMOIRE D'ELEPHANT (Agatha CHRISTIE)

Relire un roman d’Agatha Christie est un vrai bonheur. Dans les années 1980 j'ai, je crois,  lu presque l'ensemble de son œuvre. Même si le style et l'intrigue des ouvrages, comparés aux  romans policiers actuels, paraissent un peu désuets, ils n'en restent pas moins captivants.

"une Mémoire d’Éléphant" est un cold case.

 A la demande  de Mme Oliver, une de ses amies,  Hercule Poirot accepte d'enquêter sur un drame qui s'est déroulé il y a une quinzaine d'années. Un couple a été retrouvé tué par balle dans leur jardin : meurtre? accident suivi d'un suicide ? meurtre suivi d'un suicide  ? dans cette dernière hypothèse qui a tué ? qui s'est s'est suicidé ? Faute de réponse à ces questions l'affaire a été classée .

Mais heureusement Hercule Poirot reprend l'enquête !

 Il va résoudre l'affaire en répondant aux trois questions : qui ? comment ? Pourquoi ?

Avec ce petit roman d'une centaine de pages j'ai passé un excellent après-midi d'hiver.


samedi 2 janvier 2021

FILLE (Camille LAURENS)

Au cours de cet ouvrage la signification du mot "fille" va se modifier. Si les premiers mots de ce roman sont sur un ton légèrement péjoratif "c'est une fille", les derniers sont heureusement  positifs  "tu as raison, ma chérie c'est merveilleux, une fille".

Avant d'en arriver à cette dernière phrase l'autrice raconte, en s'inspirant de sa propre vie, cinquante ans de la vie d'une "fille".

Dans une première partie, couvrant plus de la moitié de l'ouvrage,  elle raconte sa jeunesse dans les années 1960. Elle vit  dans un milieu petit bourgeois de province, père médecin, mère au foyer. Ces années se seraient déroulées normalement sans l'agression sexuelle dont elle fut victime du fait d'un vieille oncle. Elle avait neuf ans. Elle n'oubliera pas.

Dans une  deuxième partie -brève et tragique -  la "fille" est une jeune femme, enceinte d'un garçon. Malheureusement suite à l'incompétence du gynécologue, choisi par ses parents, l"enfant décédera le jour de sa naissance. Elle l'a appelé Tristan. Son ombre l'accompagnera.

Dans une  troisième partie elle met au monde une "fille",  Alice, qui se révèlera être une "fille" intelligente, au caractère bien trempé. 

Suite à un échange  avec Alice, Laurence comprendra qu'être fille c'est bien :"et soudain le monde s'ouvre, un sens nouveau éclot sous la langue, tu débarques et c'est la pays des merveilles."


"Fille" est un livre intéressant qui   réveille des souvenirs. Être fille dans les années 1950/1960, en province, n'était pas facile. Dernière d'une famille nombreuse, avec six frères et trois sœurs, je n'avais pas conscience de la différence de traitement, cela me semblait normal. Mais en prenant de l'âge et de l'indépendance je me suis rendu compte de l'injustice. Petit à petit je suis devenue  féministe au grand dam de mon mari et de mes fils😂.

Fille est le premier livre que je lis de Camille Laurens, je pense que d'autres suivront.


LA VOYAGEUSE DE NUIT (Laure ADLER)

 J'imagine que chaque lectrice ou lecteur qui découvrira  cet essai  le comprendra en fonction de son âge personnel, ou plus exactement selon la dizaine dans laquelle elle/il  se situe. Je me place dans la dizaine de l'autrice.

Quelque soit notre âge, disons  au-delà de  la quarantaine,   il est embarrassant de le communiquer, on souhaiterait tellement entendre " Mais, vous ne les faites pas" 😂.

Si je  n'appartiens pas au  milieu intellectuel parisien de L. Adler, j'essaie de maintenir des activités culturelles. Cadre  retraitée résidant en banlieue je suis inscrite avec mon mari, médecin en retraite, à une université inter-âge dans laquelle la majorité des inscrits sont des retraités. Elle nous propose de nombreuses activités comme   des conférences ( en présentiel mais actuellement sur zoom) sorties, expositions, café littéraire, stage de littérature, cours de langue, etc. Les inscrits les  plus âgés sont nonagénaires !

On trouve dans la description de la vieillesse tant  sur le plan physique que mental quelques points communs entre tous les séniors (le corps qui se modifie, la mémoire qui joue des tours...). Les inégalités entre séniors sont principalement l'état de santé, la solitude, les situations économiques et familiales.

En cette année 2020 il est malheureusement difficile d’oublier notre âge puisque  tous les jours sur les radios et télévision on nous rappel que nous sommes, compte tenu de notre âge,  des personnes à risque. Le moral commence à en prendre un coup!

Cet ouvrage n'est pas désespérant comme le pensent certaines de mes connaissances qui refusent de le lire, par peur de s'y reconnaître ?. Au contraire c'est un livre assez réjouissant et  très intéressant dans lequel se mêlent  littérature, philosophie, humour, bonheur de vivre et parfois de la colère sur la façon dont certaines personnes âgées sont traités.

Pour conclure j'ai choisi une phrase de Victor Hugo :

"L'un des privilèges de la vieillesse c'est d'avoir outre son âge tous les âges."


LES CHOSES HUMAINES (Karine TUIL)

 C'est le premier livre de Karine Tuil que je lis. Il m'a été prêté par une amie assez engagée dans les problèmes liés à la sexualité des jeunes.

J'ai apprécié le livre sur la forme- écriture fluide - mais pas sur  le fond. Je n'ai pas  réussi à adhérer à l’histoire qui se déroule pour partie dans un milieu  culturel et parisianiste.

A l'exception peut-être pour  Claire et Adam je n'ai ressenti aucune empathie pour les différents protagonistes. Je n'ai pas été émue par les personnalités d'Alexandre et Mila. J'ai eu, peut-être à tord, le sentiment  d'un manque d'authenticité de leur part.

L'un des intérêt de ce livre c'est de nous faire vivre, de façon journalistique, un procès d'assise. Il s'agit des pages les plus intéressantes, mais aussi les plus cruelles pour la victime et l'accusé qui doivent  "déballer"   les côtés les plus intimes de leur corps et de leur sexualité devant les juges, les jurés, leurs familles et des curieux.

Que penser du verdict ?  je ne sais pas, je n'ai pas réussi à me faire une opinion..