lundi 30 avril 2018

COULEURS DE L'INCENDIE (Pierre LEMAITRE)

Nous sommes en 1927. Le banquier Marcel Péricourt décède 7 ans après son fils Edouard. Le livre commence le jour de ses obsèques. De nombreuses personnalités sont présentes, y compris le Président de la république. Alors que le cortège se met mouvement, son  petit fils , Paul,  âgé de 7 ans, se jette du deuxième étage de l'hôtel particulier. 
Madeleine Péricourt va devoir se consacrer entièrement à son fils, devenu paraplégique. Elle laisse  à Gustave Joubert,  principal collaborateur de son père,  la gestion des affaires et à Léonce, sa dame de compagnie, celle  de l'hôtel particulier.
Confiante ou naïve, elle ne se rendra pas compte que Gustave, Léonce auxquels s'est joint Charles Péricourt, organisent sa faillite  à leur profit.
Après avoir vendu son hôtel particulier, elle s'installe avec son fils dans un appartement "petit bourgeois". Elle embauche pour l'aider une polonaise qui ne parle pas français, Vladi.
Quant elle se rend compte qu'elle a été trahie , elle décide de se venger. 
Nous sommes en 1933. Avec l'aide de Dupré, ancien collaborateur de son ex-mari (Henri d'Aulnay-Pradelle), elle va organiser toute une série d'événements qui vont totalement désorganiser les affaires et la vie  de Gustave, de Charles, de Léonce ainsi que d'André Delcourt, ancien  précepteur de Paul, devenu journaliste.

Pierre Lemaître, avec une grande maîtrise et beaucoup de talent, plonge son lecteur dans l'ambiance des  années 1930, non seulement en France(la troisième République) mais aussi en Italie (Mussolini et le fascisme) en Allemagne (Hitler et le nazisme). Il crée des personnages pittoresques (la diva Solange Gallineto, Vladi) ambitieux (André Delcourt), cupides et corrompus (Edouard, Charles , Léonce). Il brosse un tableau peu flatteur des politiques, des banquiers, des hommes d'affaires et de la Presse. Il transforme Madeleine de  grande bourgeoise naïve  en petite bourgeoise machiavélique.

Ce roman est vraiment jubilatoire ! quel bonheur de lecture. Comme j' aimerais lire plus souvent des romans  français d'aussi bonne facture,  des bons gros romans qui nous transportent  littéralement ! 
certains lecteurs/critiques comparent  Lemaître à Dumas ou Zola, personnellement j'ai plutôt pensé à Balzac. 

Vivement le troisième volume.

mercredi 25 avril 2018

MEURTRES A PEKIN (Peter MAY)

A l'occasion du salon Livre Paris 2017 j'ai découvert (en chair et en os) l'écrivain Peter May. Sur les conseils de la représentante des éditions Babel Noir, j'ai acquis la série "la trilogie écossaise", un vrai bonheur de lecture.
Cette année à "Livre Paris 2018", je suis retournée voir Peter May, toujours aussi souriant et sympathique avec ses lecteurs. Cette fois je suis repartie avec les trois premiers tomes (tous dédicacés) de la série chinoise.
Comme l'ont déjà signalé plusieurs lecteurs babélio, je reconnais que la trilogie écossaise est supérieure à la série chinoise tant sur la forme que sur  le fond. A la décharge de l'auteur,  je  note que cinq ans se sont écoulés entre "Meurtres à Pékin" et "l'Île des chasseurs d'oiseaux" : le talent, l'écriture et le style  de Peter May  se sont tout simplement  perfectionnés.

Revenons à "meurtres à Pékins" premier tome de la série. 
Dés les premières pages nous faisons connaissance avec les les deux principaux protagonistes :
Le policier Ly Yan. Il vient d'être promu au rang de directeur, classe trois, et au poste de commissaire divisionnaire adjoint de la section n° 1. (les titres ne sont pas courts en Chine !!!)
Margaret Campbell, américaine d'une trentaine d'année, venue à Pékin pour donner pendant 6 semaines des cours de pathologie médico-légal à l'université de la Sécurité Publique.
Compte tenu de ses compétences, la police lui demande  de participer  à l'autopsie  d'un homme qui se serait suicidé par le feu. L'autopsie permettra de découvrir qu'il s'agit d'un crime et non d'un suicide. 
L’enquête est confiée à Ly. Les compétences scientifiques de Margaret lui seront une grande aide. Ils réussiront mais seront  confrontés à la  violence, à la corruption,  ainsi qu'à la question des OGM.
Le côté "polar" est intéressant, certes, mais n'est pas l'intérêt unique de ce livre.

Cet ouvrage est en effet  intéressant par son côté confrontation de deux cultures : Margaret  la citoyenne américaine et son sentiment de supériorité, Ly le chinois et son pays  avec ses 30 000 années d'histoire. Malgré leurs différences notamment culturelles,  ils se sentiront attirés l'un vers l'autre. C'est le côté glamour de l'ouvrage !
 
L'auteur, qui selon les informations a effectué de nombreux séjours en Chine, nous promène dans les rues encombrées de Pékin, à vélo et en voiture,  nous fait traverser  la place Tiananmen,  côtoyer la Cité interdite, déambuler dans des parcs, goûter la cuisine chinoise. Il nous fait  découvrir une société chinoise collective plus qu'individuelle. Il rappelle l'histoire récente avec les souvenirs souvent douloureux de la révolution culturelle.

livre agréable  à lire, bien écrit (ou bien traduit), du suspens, du glamour, du culturel....

LE QUATRIEME SACRIFICE (Peter MAY)

Deuxième volume de la série chinoise. Deuxième aventure de Margaret et Ly.

Les cadavres de quatre hommes décapités sont découverts à Pékin.  L'autopsie révèle que les trois premiers ont été drogués avant d'être tués. La quatrième victime, d'origine chinoise mais de nationalité américaine, est membre de  l'ambassade. L'ambassadeur  souhaite  que l'autopsie soit pratiquée par leur compatriote Margaret Campbell. Cette dernière s’apprêtait à rentrer aux États Unis, Ly, l'homme dont elle est amoureuse, ne lui ayant donné aucune nouvelle depuis le scandale du riz contaminé (1). Il lui donnera l'explication :"on m'a ordonné de ne pas vous voir, de ne pas vous contacter sous aucun prétexte...je suis un fonctionnaire de l’État...c'est une position....que l'on ne peut compromettre par une relation avec des étrangers." 
Leurs rapports un peu houleux pour ne pas dire tourmentés vont reprendre.... Pour se consoler Margaret va s'amouracher de Michaël, le bel archéologue, qui va lui faire découvrir  Xian, la cité impérial de l'armée de terre. 

L'enquête se complique,  Margaret ayant  constaté, au cours de l'autopsie, que l'auteur du crime ne peut pas être le même que celui des trois premières victimes. Le suspens est au rendez-vous !

L'auteur utilise l'enquête policière pour  évoquer un peu d'histoire de la Chine. Les assassinats seraient liés à l'Histoire  récente, la révolution culturelle et  ancienne, Xian et son armée de terre.
 
Comme dans son ouvrage précédent, Peter May évoque des sujets d'ordre politique et leurs conséquences économiques notamment celui de l'enfant unique, pratiqué pendant 36 ans (1975/2015).  Ly est confronté à cette question. Sa sœur abandonne sa fille, Xinxin, pour aller  accoucher dans une autre région de son deuxième enfant, un garçon.

Excellent ouvrage qui non seulement nous distrait par la fiction policière mais  nous cultive par la réalité chinoise.


(1) Meurtres à Pékin.

LES DISPARUES DE SHANGHAI (Peter MAY)

Troisième aventure de nos deux héros Margaret et Ly.

Ly est appelé par la police de Shanghai pour enquêter après la découverte de corps de dix huit femmes.
Alors que Margaret est aux États-Unis pour assister aux obsèques de son père, Ly lui demande de venir le rejoindre à Shanghai afin de  participer à l'autopsie des corps mutilés et démembrés de ces femmes.
A son arrivée personne ne l'attend, elle est prise en charge par Jack Geller, journaliste indépendant. Elle se fait conduire directement au QG du Départements des enquêtes criminelles où elle retrouve Ly. Il est en compagnie d'une jolie chinoise, Nian Mei Ling, son  homologue à Shanghai. Il les présente.  Aucun courant de sympathie ne passe entre elles !
Lors des autopsies Margaret constate que les femmes étaient encore vivantes lorsqu'elles ont été découpées, et que certains organes ont disparus. Une première jeune femme avait été retrouvée à Pékin. contrairement à celles de Shanghai ses organes avaient été retrouvés.
Les autorités de Shanghai  souhaitent  que l'enquête soit bouclée rapidement.  Les investigations de Ly les inquiètent, sa pugnacité  les contrarie. Il froisse des sensibilités.
L'argent et la corruption sont les moteurs de cet affaire. Indirectement, la politique de l'enfant unique est également au cœur du sujet.

Peter May continue à nous faire découvrir  la Chine. Il s'attarde sur la ville de Shanghai, très différente de Pékin, plus active, plus moderne mais aussi peut-être plus pervertie par la corruption et la mafia. Il nous fait même participer à un dîner chinois pas vraiment fait pour nous ouvrir l’appétit !

La présence de la petite Xinxin est un petit rayon de soleil dans la noirceur des crimes objet de l'enquête.
Margaret est parfois  agaçante avec sa jalousie et  son agressivité un peu trop présente à l'égard des personnes qu'elle côtoie. Comme dans les précédents ouvrages elle a un petit  faible pour la vodka tonic!

En conclusion  une bonne histoire  mais avec  quelques longueurs notamment les passages sur les relations conflictuelles entre Margaret et Nian.

P.S : je vais faire une pose dans la série, et attendre un peu avant de lire les trois derniers tomes !

lundi 9 avril 2018

LA VILLE NOIRE (Boris AKOUNINE)

Comme tous les ans  je me suis rendue au salon "Livre Paris" 2018. Russie, premier stand visité en sa qualité de pays invité. Je suis  à la recherche d'un roman policier. Un peu perdue j'interroge une responsable qui me conduit près des tables sur lesquelles se mêlent des livres  en français et en russe sur des sujets variés. Elle me donne le nom de deux écrivains de roman policier, Alexandra Marinina et Boris Akounine.
Peu de livres de Marinina sur les tables, de toute façon je pense avoir lu tous ses ouvrages traduits en français. Je choisis alors un peu au hasard "la Ville Noire" d'Akounine.

Je découvre le personnage d'Eraste Pétrovitch Fandorine, fonctionnaire à la retraite du ministère de l'intérieur. "La ville noire" est le 13eme volume de la série qui lui est consacrée. Il semble qu'il y ait un 14eme volume, non traduit en français à ce jour.

Nous sommes en juin 1914. Fandorine est  à Yalta. Se trouve également dans cette ville un dangereux révolutionnaire surnommé Ulysse. Après l'assassinat d'un colonel, Ulysse se serait rendu à "la ville noire".
Fandorine découvre que la ville noire n'est autre que la ville de Bakou, ville très riche grâce à son pétrole. Accompagné de son serviteur  japonais, Massa,  il prend le train direction Bakou.

Nous sommes à la veille de la grande guerre, L'attentat de Sarajevo vient de se produire. Dans  la ville noire se croisent un monde plus ou moins cosmopolite comme  Claire Delune, actrice et femme de Fandorine en compagnie de l'équipe du filme,  des magnats du pétrole dont une femme, la belle Saadat, des bandits plus ou moins sympathiques comme Gassym, des politiques comme le consul d'Autriche, et bien sûr des révolutionnaires comme Ulysse.

Je ne me suis pas ennuyée à la lecture de ce livre que je classe plutôt dans la catégorie des romans d'aventure, type  XIXe siècle, avec ses rebondissements et  ses personnages plus ou moins sympathiques ou patibulaires,  que dans la catégorie roman policier.

La lecture des dernières pages est une vrai surprise et un choc pour le lecteur.















































































































mercredi 4 avril 2018

L'ESPOIR DES NESHOV ( Anne B. RAGDE)

J'aime la lecture des ouvrages de Anne B. Radge. "l’espoir de Neshov" est le 7eme que je lis en comptant le livre sur sa mère "sa majesté maman". Je dois reconnaître que,  comme le troisième tome de la saga, ce dernier opus m'a légèrement déçue. Il est vrai que j'avais  énormément apprécié les deux premiers.
Malgré ces réserves je reconnais avoir retrouvé  les membres de la famille Neshov avec grand plaisir.

En premier lieu le "Vieux" grand-père de Torunn, si heureux dans sa maison de retraite qu'il ne veut pas la quitter même pour un déjeuner !
Puis le couple Erlend et Krumme, toujours aussi amoureux et terriblement occupé par leurs  trois enfants conçus avec le couple Jytte et Lizzi.
Margido, l'homme sérieux, responsable de son entreprise de pompes funèbres, et pour lequel  l'organisation d'obsèques doit être sans faute  : " on n'avait pas de panne d’oreiller quand on portait la responsabilité d'offrir à ce dernier voyage le cadre optimal. Quand on était responsable du rituel - oui car il s'agissait bien d'un rituel , Margido le voyait ainsi, c'était un rituel obéissant à un code strict qui ancrait l’évènement dans un contexte plus large, partagé avec la communauté - ".

Et bien sûr Torunn, jeune quadragénaire, qui décide de donner une nouvelle direction à sa vie en commençant par rompre avec Christer, son compagnon,  en lui "empruntant" un chiot femelle, et en quittant Oslo pour remonter vers Trondheim.

Un conseil pour apprécier ce livre il vaut mieux avoir lu les trois tomes précédents.  

 Enfin au dire d' un certain nombre de critiques un cinquième tome serait prévu. Nous allons  surveiller !


mardi 3 avril 2018

LA DISPARITION DE JOSEF MENGELE (Olivier GUEZ)

Josef Mengele, prénom et nom  d'un médecin ayant  sévi à Auschwitz, triant à l'arrivée les déportés, ceux qui pouvaient travailler de ceux qu'il envoyait directement à la mort, effectuant des expériences  sur les enfants,  particulièrement sur la gémellité et le nanisme.
Josef Mengele est  un monstre.

 La lecture du livre d'Olivier Guez  donne  des précisions sur l'existence de cet individu, surnommé par ces victimes "l'ange de la mort", après la chute du IIIeme Reich.

En 1949, après des mois d'errance  et un emploi d'ouvrier agricole, aidé par un réseau d'ancien SS et sous le nom d'Helmut Gregor, il embarque pour l’Argentine. Perón est au pouvoir, il ouvre ses portes à des milliers de nazis. Des criminels de guerre sont invités à transformer l'Argentine en superpuissance.
Sa cavale en Amérique du sud (Argentine, Paraguay et Brésil) durera 30 ans. Elle prendra fin à sa mort par noyade en 1979. Si les 10 premières années il bénéficie  d'une certaine tranquillité travaillant notamment pour l'entreprise familiale, il n'en est plus de même après que le gouvernement Ouest-Allemand ait émis  un mandat d'arrêt international et une demande  extradition. Il se sent traqué. Grâce à l'argent de sa famille il trouve asile dans une famille d'expatriés hongrois, les Stammer.  Malade physiquement et psychologiquement,  la nouvelle de la pendaison d'Eichmann aggravera son état.
Non seulement je ne ressens  aucune pitié pour cet individu (je ne peux utiliser le mot "homme" à son égard) mais je suis complètement  sidérée dans sa façon de considérer son passé. A titre d'exemple lorsque  répondant à son fils qui l'interroge "Tu as tué papa ? tu as torturé et jeté des nouveaux-nés dans le feu ?" il jure n'avoir jamais fait de mal à personne, rien que son devoir de soldat et de scientifique. L'auteur lui prête ces mots : "toi, mon fils unique, tu crois à touts les saloperies qu'on écrit sur moi ! Tu n'es qu'un petit bourgeois, influencé par ton idiot de beau-père, tes études de droit et les médias, comme toute ta génération merdeuse. Cette histoire vous dépasse,  alors foutez la paix à vos aînés et respectez-les. Je n'ai rien fait de mal, Rolf, tu m'entends ".

J'ai apprécié la lecture de cet ouvrage très documenté, mais je m'interroge sur le fait de donner un caractère  "romancé" à  la vie de Mengele. Faire de cet individu  un personnage de roman n'est-ce pas en quelque sorte humanisé ce monstre en racontant une  vie quotidienne d'exilé, des soucis de santé, etc ?

lundi 2 avril 2018

LE CRIME DE LA TOUR K (FRANCK LINOL)

Merci à Babélio et aux éditions Legestenoir de m'avoir adressé "le crime de la tour K".
la lecture de ce livre m'a permis de faire la connaissance de l'auteur, Franck Linol,  et de son personnage principal  "l'inspecteur" Dumontel.
Je mets entre guillemet le terme inspecteur, car si c'est le mot utilisé sur la page de couverture ainsi que sur la quatrième de couverture, il est question au cours de l'ouvrage du "commissaire" Dumontel. A la lecture des premières pages je pensais que le capitaine Maillet était son supérieur hiérarchique ! Les lecteurs des ouvrages précédents doivent avoir l'explication.

Outre l'enquête du commissaire dont l’objet est de découvrir  qui a abattu le jeune Khaled nous suivons le procès pour assassinat de Christelle Farges, dont l'avocate, Lily, est la maîtresse du commissaire.
Dans un premier temps l'enquête sur la mort de Khaled  s'oriente vers le trafic de drogue, mais l'obstination de Dumontel lui permettra de découvrir une réalité différente.
 Suite à la  décision du tribunal Dumontel reprendra le dossier et Lily réinterrogera certains témoins.

"Le crime de la tour K" est un polar agréable à lire. L'enquête est bien menée, la personnalité des policiers est individualisée. La question de l'islamisation est abordée. Les conditions d'un procès d'assise sont relatées succinctement.