vendredi 23 février 2018

L'ÎLE DU SERMENT (Peter MAY)

Deux histoires, deux générations : une  fois de plus le talent de Peter May nous enchante.

Un homme est assassiné sur la petite île d'Entrée, situé au cœur du Golfe du Saint-Laurent. Pour Crozes qui dirige l'équipe d'enquêteurs aucun doute, James Cowel a été tuée par son épouse Kirsty.
L'un des enquêteurs Sime Mackenzie, pas au mieux de sa forme- il souffre d'insomnie depuis que sa femme l'a quittée - croit à la version de la jeune femme : le couple a été attaqué par un homme portant une cagoule.
Lors du premier interrogatoire Sime a l'impression "irrésistible et déstabilisante" de connaître la jeune femme. Ce sentiment va perturber son enquête et l'isoler partiellement  des autres membres de l'équipe.

Au cours de ses insomnies et  demi-sommeil, la similitude des prénoms et du motif de sa bague et du pendentif  de la jeune femme ravive ses souvenirs  de lecture, par sa grand-mère, des carnets de son aïeul  :  Dans  les années 1840, le jeune Sime  s'était lié d'amitié avec la jeune Kirsty dont il avait sauvé la vie. Elle était fille  d'un propriétaire terrien, lui fils de paysan pauvre. Victime de la famine, menacé par la famille de Kirsty il embarquera  pour les îles Hébrides . Il s'y installera et construira sa nouvelle vie.

A la lecture des ouvrages de Peter May j'ai le sentiment que l'histoire contemporaine qu'il nous raconte, aussi intéressante qu'elle soit,  n'a pour objet que de mettre en valeur le passé. J'ai trouvé  l'enquête policière  traitée de façon assez traditionnelle et sans réelle surprise. En revanche le récit  de la vie et des aventures de l'aïeul m'ont passionnée. Si j'ai aimé l'histoire individuelle du jeune Sime, identique sans doute à celle de nombreux écossais du  19 ème siècle, j'ai apprécié et beaucoup appris sur la période dans laquelle elle se situe. Si je savais que la famine due à la maladie des pommes de terre était à l'origine de l' exil des Irlandais vers les États unis, je n'avais pas connaissance d'un parcours identique pour les Écossais.


jeudi 15 février 2018

MORTE LA BËTE (Lotte et Sorren HAMMER)

Je n'ai pas choisi ce roman, je l'ai reçu dans le cadre  de la proposition "deux livres achetés, un troisième offert". l’aurais-je choisi à la seule lecture de la quatrième de couverture, je ne sais pas.

Après avoir terminé ce pavé de 523 pages  j'ai l'impression  d'y avoir trouvé à la fois des longueurs et  des passages à peine esquissés, et de m'être retrouvée par moment  dans "le brouillard" comme les sont les enfants dans le premier chapitre !
Le sujet est important, il s'agit de pédophilie. La façon dont il est traité est ambiguë : cinq pédophiles ont été massacrés, la police enquête. La presse tabloïd essaie de profiter de l'affaire pour faire du chiffre, une sorte de chasse aux pédophiles est engagée,  l'opinion publique ne souhaite pas que les responsables soient découverts et arrêtés et  des manifestations sont organisées pour faire modifier la loi jugée trop laxiste. Alors qu'on ne peut être que d'accord sur une sévérité accrue pour les actes commis, la façon dont le sujet est traité nous conduit à être choqué  par la cruauté du massacre et à avoir  pitié de "l'homme", ancien pédophile,  humilié , licencié puis agressé violemment.

Je trouve que la personnalité du personnage principal du roman, l'inspecteur chef Konrad Simonsen,
n'est pas encore bien définie et sa façon de conduire l'enquête et de "manager" son équipe pas très claire. Pourquoi est-il obligé de demander de l'aide à un  retraité, son  ancien patron ?
Pour le moment je n'ai pas envie de le retrouver dans d'autres ouvrages sauf bien sûr  si des Babélios me conseillent  un ouvrage !

Côté positif : j'avoue avoir lu cet ouvrage de 523 pages en trois jours, je ne m'y suis donc pas totalement ennuyée.

LES FUGUEURS DE GLASGOW (peter MAY)

L'histoire se déroule sur deux périodes, l'une située en 1965, l'autre en 2015. Au cours de la lecture nous  retrouvons  les protagonistes alternativement en  1965 et en  2015.
1965 cinq jeunes adolescents vivent dans la banlieue sud de Glasgow. Ils créent un groupe "the Shuffle" : Ils se rêvent John Lennon ou Elvis. Jack, renvoyé de son collège, décide avec les autres membres du groupe de partir pour Londres et la gloire.
Ils arrivent à Londres après avoir rencontré de nombreuses difficultés tout au long du trajet, et avoir récupéré Rachel, cousine de l'un des membres. Totalement perdus et sans argent ils sont recueillis  par un médecin qui accepte de les loger sous réserve de leur participation, en qualité de musicien,  à une expérience de soins psychiatriques.
 Ils se rendent compte que leur aventure a échoué : "Pas de plan. On a merdé. Quoi que ce soit qu'on pensait trouver ici, on ne l'a pas trouvé".
Trois des membres seront de retour chez leurs parents avant la fin de l'année.

2015 la nouvelle d'un meurtre à Londres réveille des souvenirs et bien qu'ils n'aient pratiquement plus eu de contact entre eux depuis leur expérience londonienne les trois "revenants" décident de repartir pour Londres afin de découvrir ce qui s'est réellement passé il y a cinquante ans lors de leur dernière nuit à Londres.

Tristesse et mélancolie imprègnent non seulement le roman mais également l'esprit du lecteur/ de la lectrice. En effet, si leur rêve d' adolescents s'est évanouit, leur vie d'adulte (personnelle et professionnelle) ne semble pas avoir compenser leur échec londonien sauf, peut-être, pour l'un d'entre eux.

J'apprécie la manière dont  Peter May nous raconte ses histoires en alternant passé et présent. Cette technique d'écriture permet de bien  saisir  la personnalité et le caractère  des différents personnages.

J'ai découvert cet auteur au dernier salon du livre de Paris avec sa trilogie écossaise. Je viens de commencer un nouvel ouvrage "l'île du serment".

mercredi 7 février 2018

UNDERGROUND RAILROAD (Colson WHITEHEAD)

Colson Whitehead nous raconte une tragique et  belle histoire,  celle de Cora, 16 ans.
Cet ouvrage traite principalement de l'esclavage,  il me semble que le sujet  est abordée de façon différente que dans, par exemple, "Autant en emporte le vent", "La case de l'oncle Tom", "Racines".

Nous suivons l'existence de Cora de la plantation à sa fuite à travers plusieurs États du Sud. Nous découvrons le rôle actif, dans l'aide aux esclaves en fuite, de personnes comme les abolitionnistes blancs, les noirs nés libres, d'anciens esclaves...

 L'histoire  se situe quelques années avant le début de la guerre de Sécession (1861). Le roman est divisé en plusieurs grands chapitres .
Après avoir résumé  l'histoire d'Ajarry, la grand-mère de Cora, arrachée à l'Afrique, l'auteur  nous présente  la plantation des Randal, la vie quotidienne des esclaves et  la cruauté des planteurs. Annabel, la mère de Cora s'est enfuie il y a quelques années, abandonnant sa fille. Elle n'a jamais été reprise. Cora ne pardonne pas cet abandon tout en espérant et redoutant à la fois de retrouver sa mère.

Caesar, esclave nouvellement arrivé à la plantation et Cora  préparent leur fuite aidés par un anti-esclavagiste. Ils empruntent l'underground railroad (l'auteur en fait un véritable réseau ferroviaire alors qu'en réalité il s'agissait  de routes secrètes, de moyen de transports, de lieux d'accueil et d'assistance) et arrivent en Caroline du Sud. Ridgway, le chasseur d'esclaves est à leurs trousses.

Arrivés en Caroline du Sud ils sont logés dans  une institution qui leur procure du travail. Mais Cora se rendra compte que l'objectif de cette institution n'est pas très clair, notamment  les femmes noires sont incitées à se faire stériliser. Elle décide de s'enfuir à nouveau avec l'aide de Sam, un anti-esclavagiste.
Après un nouveau voyage avec l'underground railroad , elle arrive en Caroline du nord . La Caroline du Nord a "aboli" l'esclavage pour remplacer les esclaves par les migrants venus d'Europe, notamment les Irlandais. Son territoire est interdit aux homme et aux femmes de couleur.
Cora est recueillie par un couple de blanc, Ethel et Martin. De sa cachette sous les toits elle assistera à "la fête du vendredi", fête  qui consiste à pendre les fugitifs et exécuter les blancs anti-esclavagistes qui les ont aidés. Dénoncéerécupérée par  Ridgway, elle traverse le Tennessee enchaînée à un chariot.
Cora passera quelques mois dans l'Indiana, dans une ferme, tenue par un abolitionniste. Elle y améliore son apprentissage de la lecture, se fait des amis Sybil, Molly ainsi que Royal, premier  noir né libre qu'elle rencontre et retrouve Sam.
Puis se sera la route du nord.....

J'ai aimé accompagné Cora au cours des  quelques mois de sa fuite vers la liberté. Malgré les difficultés et obstacles nombreux qui ont parsemé son chemin, elle reste courageuse, déterminée.  Si elle est trop souvent mise en présence de méchantes et cruelles personnes elle fait aussi de belles rencontres comme Caesar, Sam, Martin, Sybil, Royal et Olly.

Ce livre nous fait également réfléchir sur notre monde de 2018  où racisme et xénophobie sont malheureusement encore trop souvent d'actualité.

Livre très fort à lire impérativement.


lundi 5 février 2018

L'AUTRE QU'ON ADORAIT (Catherine CUSSET)

Merci à Babélio et aux Éditions Gallimard (folio) de m'avoir adressé le livre de Catherine Cusset.

Dans cet ouvrage l'auteure  raconte l'histoire de Thomas de 1986 (il a 17 ans) à 2008, année de son décès à 39 ans. Elle choisit comme procédé d'écriture de lui parler directement en le tutoyant. 

Elle le rencontre grâce à son frère. Il  deviendra son ami après avoir été durant quelques mois son amant. 
Après avoir raté à deux reprises le concours d'entrée à l'ENS, Thomas  part pour les États-Unis, s'inscrit à l'université de Columbia, choisit Proust comme sujet de thèse, se passionne pour le cinéma et la musique.
Les dossiers de candidature qu'ils adressent aux universités américaines ne reçoivent pas l'accueil auquel il pense avoir droit. Il rate Princeton à une voix. Il obtient des postes dans trois universités moins prestigieuses situées dans l’Amérique profonde. Sa thèse n'est  pas terminée. Il ne publie pas d'ouvrage seulement quelques articles. Ses aventures amoureuses (Ana, Elisa, Olga, Nora) se terminent souvent mal, certains de ses amis se lassent, il boit plus que de raison, vit au-dessus de ses moyens.
Au cours de ma lecture (jusqu'à la page 249) j'ai éprouvé pour ce personnage une profonde antipathie, je ne lui ai trouvé que de défauts : prétentieux, mégalomane, présomptueux, paranoïaque. Il gâche les qualités intellectuelles exceptionnelles  dont il est doté.
Arrivé page 249, il me faut revenir en partie sur mon jugement, Thomas ne serait pas totalement responsable de son comportement, le diagnostic est fait par un psychiatre, il souffre d'une maladie maniaco-dépressive appelée actuellement bipolaire.  Malheureusement il est déjà trop tard. Alors qu'il sait que son traitement est incompatible avec l'alcool, il ne prend pas ses médicaments et continue de  boire.
Son dernier contrat n'est pas renouvelé, couvert de dettes, il se suicide.

Cet ouvrage n'est pas le premier que je lis de Catherine Cusset, et ce n'est pas mon préféré qui est "un brillant  avenir".
 J'ai apprécié non seulement l'écriture fluide mais aussi  les nombreuses références à la littérature, la musique et le cinéma, ainsi que  les informations sur les universités et l'embauche des professeurs.

Pour terminer j'ajoute être  un peu agacée parfois par  le milieu "intello/bobo" du petit monde de Thomas et de ses amis dont l'existence se déroule entre New-York et Paris, comme si cette vie était la normalité.