mercredi 26 juillet 2017

TRAFICS (Benoît SEVERAC)

Il y a encore quelques semaines je ne connaissait pas l'auteur Benoît Séverac et encore moins son roman "Trafics" (paru dans un premier temps sous le nom de "le chien arabe".) La critique de Nadiouchka du 5 mai dernier m'ayant emballée j'ai eu envie de lire ce roman.

L'histoire a pour cadre le quartier des Izards situé dans le nord de Toulouse. Nous y rencontrons Sergine, une  vétérinaire appelée pour soigner un chien par Sonia, sœur de Nourredine, dealer et caïd du quartier. Sergine se prend d'amitié pour la jeune adolescente et décide d'empêcher son départ pour l'Algérie où elle est promise en mariage à un homme beaucoup plus âgée qu'elle. Faisant fi des menaces des jeunes qui l'ont agressée, des ordres de la police notamment ceux de la brigadier-chef Degrest, des conseils de ses associés, elle prendra des risques pour réussir son projet. Sa dernière  intervention sera très peu appréciée de la police locale, des stups et des renseignement intérieurs "vous débarquez avec vos gros sabots".

De son côté  Noureddine se bat pour conserver son rôle de caïd. Sont opposés à son  trafic Hamid et Nejib, deux frères radicalisés,  tombés sous la coupe d'un imam qui prêche le djihad. L'affrontement entre les deux groupes est inévitable :
 "s'ils s’en sont pris à moi, c'est parce que pour eux je ne suis pas un bon musulman, et que j'ai pas voulu payer un impôts révolutionnaire à Daech".
"Or, un jeune accro au shit ou à l'héro est un client perdu pour le djihad. Difficile de le convaincre de devenir autre chose qu'un candidat au paradis artificiel.

Le talent de l'auteur est, en nous racontant une histoire, de nous décrire le quotidien  de ceux  que la presse appelle pudiquement "quartier sensible" ou "zone de non droit".

Je suis sans doute naïve, mais au cours de ma lecture je me suis interrogée:   que s'est-il passé ?  ou qu'est qui a été raté ? pour que des jeunes de la deuxième ou troisième génération basculent  dans un islam radical et, se référant à Daech,  passent  à l'acte en organisant des attentats massacrant des innocents.
 

vendredi 21 juillet 2017

LE BRACONNIER DU LAC PERDU (Peter MAY)

Pour la troisième fois ma lecture me transporte  sur l'île Lewis, l'une des îles Hébrides à l'ouest de l’Écosse.  Le décor n'a pas changé. Paysage sauvage :  montagne,  lande,  tourbières. J'y retrouve  Fin Macleod. Il est engagé comme  chef de la sécurité du domaine de Jamie Wooldridge pour pourchasser les braconniers. Il retrouve deux anciens amis de l'époque du lycée : Kenny John Maclean et Whistler.
Réfugié dans une grotte une nuit d'orage avec Whistler, ils découvrent le matin qu'un loch a disparu, laissant un grand vide au fond duquel est posé un petit avion. A l’intérieur du cockpit se trouve un cadavre, sans doute celui de Rody disparu avec son avion il y a dix sept ans. Rody, star du rock celtique, était également leur ami à l'époque du lycée.
Comme dans les deux  précédents  ouvrages les chapitres vont se succéder alternant le passé et le présent.
Pour le passé nous retrouvons Fin avec ses amis  du lycée et de la première année de faculté.
Un groupe de musique est créé, Rody et Maired,la chanteuse du groupe, en seront les stars. Ces années de jeunesse  seront traversées par leurs  amitiés,  conflits,  amours,  jalousie, trahisons,  succès et échecs. Ce passé sera l'une des sources des problèmes du présent.
Pour le présent beaucoup (trop?) de sujets sont abordés dont celui concernant  les liens entre Fin et Whistler. Fin essaie de comprendre et d'aider  celui  qui fut "le plus brillant de sa génération" : Pourquoi vit-il en marge  dans une  sorte de taudis, buvant, braconnant  et sculptant des reproductions du jeu d'échec de Lewis ?

Comme d'autres lecteurs j'avoue avoir été un peu déçue par ce troisième volet de la trilogie. L'auteur a-t-il souhaité clôturer les  sujets abordés dans les deux précédents volume, alourdissant ainsi son ouvrage ? Je m'interroge sur la façon dont l'auteur  y traite Marsaili, le premier amour de Fin et rayon de soleil de "l'île des chasseurs d'oiseaux" ? mais j'approuve qu'il apporte une certaine sérénité à Fin et Mona en les informant du suicide du responsable de l'accident mortel dont leur petit garçon fut victime.

Dans le cadre de cette fiction l'auteur nous cite deux évènements historiques :
- le jeu d'échec de Lewis, datant du XIIe siècle et découvert en 1831, modèle des sculpture bois de Whistler.
- le naufrage du Lolaire à l'approche de Lewis le 1er janvier 1919 causant la mort de plus de 200 marins de retour de la première guerre mondiale.










mercredi 19 juillet 2017

LA BELLE VIE (Jay McINERNEY)

Dans "30 ans et des poussières" nous avions fait la connaissance de Russel et Corrine Calloway. Nous étions dans les années 1980. Nous les retrouvons plusieurs années après. Nous sommes en 2001. Ils habitent un loft dans le quartier Tribeca. Ils ont deux enfants (des jumeaux).

Comme dans "trente ans et des poussières" la première partie du roman se déroule pendant un dîner, organisé par Russel. Nous sommes le 10 septembre 2001. Se retrouvent autour de la table leurs amis et relations  issus des milieux intellectuels ou artistes. leurs conversations semblent assez sommaires. 

La deuxième partie du roman commence quelques heures après l'effondrement des tours. Corinne fait la connaissance d'un ex-banquier, Luke. Ils se retrouverons à plusieurs reprises  la nuit afin de préparer des repas et boissons pour les bénévoles et professionnels  qui fouillent les décombres du ground zéro. Pour moi il s'agit  des  pages  du livre les plus intéressantes  sinon le meilleures. Elles nous font connaître  quelque unes des réponses données  par des new-yorkais au drame du 11 septembre.

D'autres  chapitres abordent la vie  quotidienne   des New-yorkais fortunés,( vernissages, cocktail littéraire, dîners de charité...), traitent de leur infidélité, des problèmes de drogue et d'alcool touchant on seulement les adultes mais également leurs adolescents.

Si vis à vis de leurs relations "le nom de Calloway était synonyme de stabilité conjugale", on découvrira au cours de la lecture  que stabilité ne signifie nullement fidélité !

En comparaison avec le  premier tome de la trilogie je suis un peu déçue par cet ouvrage globalement assez superficiel.


jeudi 13 juillet 2017

TENEBRES, TENEBRES ( John HARVEY)

Encore une lacune dans mes connaissances sur les auteurs de romans policiers : j'ignorais l'existence de John Harvey et celle de son personnage l'inspecteur Charlie Resnick.

C'est réparé grâce à la critique de Nameless en février dernier sur la dernière aventure de l'inspecteur Resnick "Ténèbres, Ténèbres", critique qui m'a donné envie de lire cet ouvrage. Je ne le regrette pas bien au contraire.

Nouveau retraité  Resnick occupe un poste de citoyen réserviste au commissariat central.  
A l'occasion de travaux un squelette est découvert. Il s'agit de celui d'une jeune femme,Jenny Hardwick, disparue en 1984 lors de la grande grève des mineurs. 
l’enquête est confiée à l'inspectrice Catherine  Njoroge, d’origine Kényane. Elle se fait assister par Charlie  qui était en poste en 1984. Il était à la tête d'une équipe d'agents secrets qui se mêlaient aux grévistes.

Le livre est construit sur deux périodes : la période actuelle et 1984.
les chapitres consacrés au présent nous permettent de suivre l'enquête, les interrogatoires des différentes personnes  ayant eu  un lien avec la grève ( syndicalistes, témoins,  policiers, membres de la famille et amis de  Jenny.)
Les chapitres concernant l'année 1984 nous plongent  au milieu des grévistes et dans la vie  Jenny. Ils nous apportent des informations sur cette grève  qui dura un an et  se termina sans que les grévistes obtiennent satisfaction. Jenny est une mère de famille mariée avec un mineur non gréviste "un jaune". Au contraire de son mari elle milite du côté des grévistes. Sa disparition restera un mystère jusqu'au dénouement de l'enquête.
Bien que ce soit mon  premier contact avec  Charlie Resnick, j'ai apprécié le personnage avec  son côté humain, honnête et modeste. J'ai  également aimé le personnage de Catherine qui doit affronter le racisme coté professionnelle et la violence côté vie privée.

PS : ceux qui écrivent la quatrième de couverture ont-ils toujours lu le livre concerné ? la quatrième de couverture de l'édition Rivage/Noir indique que Jenny est "l'épouse d'un meneur de la grève" alors que c'est exactement le contraire !


lundi 10 juillet 2017

L'HOMME DE LEWIS (Peter MAY)

"L’homme de Lewis" est le deuxième tome de la trilogie écossaise de Peter May.

Fin Macleod revient sur l'île Lewis après avoir mis de l'ordre dans sa vie antérieure : démission de la police, divorce et  vente de l'appartement.

Dés son retour il apprend qu'un cadavre a été découvert dans une tourbière. Il s'agit d'un jeune homme. Au cours de l'autopsie le médecin peut dater le décès fin des années 1950. Son  ADN le relie à un habitant de l'île,  Tormod Macdonald, père de Marsaili.
Marsaili,  premier amour de Fin, est la veuve d'Artair et la mère de Fionnlagh. L'enquête s'avère difficile  Tornod est atteint de la maladie d'Alzheimer. chassé de chez lui par son épouse, il sera placé par sa fille dans un centre spécialisé.

L'inspecteur George Gun commence l'enquête avant l'arrivée d'un policier extérieur à l'île qui, précise-t-il à Fin, "mènera cette enquête avec bien moins de délicatesse que je  ne le ferais."

La construction du roman est identique à celle du premier tome : les chapitres alternent entre le présent et le passé.
Le présent c'est l'enquête de Gun et les recherches de  Fin pour essayer de trouver le lien entre le cadavre et Tornod.  C'est également l'histoire d'un certain nombre de protagonistes déjà rencontrés dans le précédent volume.
le passé concerne les souvenirs qui hantent l'esprit malade de Tornod. Le cadavre, Peter, est son frère. Orphelins assez jeunes ils furent confiés à des orphelinats protestant puis catholique. Ils  firent des rencontres heureuses comme Catherine, ou malheureuses  les frères Kelly.

Dans cet ouvrage  l'auteur nous décrit assez longuement  la triste réalité des établissements que  la  société écossaise  réservait aux orphelins. L’église catholique les envoyait ensuite comme employés chez des habitants des îles Hébrides.
Le ton général de cet ouvrage est, comme celui de  "l'île des chasseurs d'oiseaux", sombre et tourmenté. Malgré ce caractère c'est un livre que j'ai énormément apprécié.







mardi 4 juillet 2017

L'ILE DES CHASSEURS D'OISEAUX (Peter MAY)

Une découverte à l'occasion du dernier salon du livre de Paris.
A la recherche d'un bon "polar" au stand de Babel j'entends une responsable faire "l'article" sur la trilogie écossaise de Peter May, et "cerise sur le gâteau" précise-t-elle l'auteur est actuellement présent, il dédicace ses livres sur le stand des éditions du Rouergue. Profitant de l'information, je quitte le stand chargé des deux premiers tomes de la trilogie dont l'un aura le droit à une dédicace.

Fin Macleod est inspecteur à Edimbourg. Il vient de perdre son fils  de 8 ans suite à un accident de la circulation. Alors qu'il envisage de démissionner  il est envoyé  sur  l'île  de Lewis pour enquêter sur le meurtre d'Angus Macritchie. Il vient rejoindre  un groupe d'inspecteurs et d'enquêteurs
dépêché sur l'Ile. Le meurtre d'Angus est similaire à un  meurtre perpétré à Edimbourg. Fin sera assisté par  George Gunn, le policier local.

Originaire de l'île Fin  revient après 18 ans d'absence. La majorité des personnes qu'il sera amené à interroger sont ses anciens condisciples.

Dans ce roman, l'enquête est  accessoire, le sujet principal est  Fin lui-même.
Nous apprenons à le connaître dès son premier jour d'école, il a six ans et ne parle que le gaélique. La langue anglaise étant obligatoire dans les écoles, une charmante petite fille "avec des nattes de cheveux blonds tenues par des rubans bleus" se propose de lui servir d'interprète. Elle s'appelle Marsaili. Arrivé à l'école avec son petit voisin Artair, il fera également la connaissance d'autres gamins, dont les frères Murdo et Angus Macritchie. Il les retrouvera lors de son retour pour l'enquête.

Sa jeunesse et son adolescence nous sont racontées au cours de nombreux chapitres qui s'intercalent avec  ceux concernant  l'enquête : sa scolarité durant laquelle il bénéficia de cours particuliers de la part du père d'Artair, la mort de ses parents, ses amitiés, ses difficultés, son amour pour Marsaili...

Nous découvrons la vie difficile des îliens. Nous apprenons leurs traditions et tout particulièrement celle à l'origine du titre du roman.  Un groupe de 12 hommes se retrouve chaque année en août  pour une dizaine de jours sur un ilot rocheux pour tuer des milliers d'oiseaux destinés à la consommation. L'été précédent son départ  pour la faculté de Glasgow, Fin sera  l'un des chasseurs.

Roman passionnant mais sombre.