LE LOUP DU COTENTIN (François LEQUILLER)

 Sur fond de Révolution française, ( 1792 1794 période 1ere République et  Terreur) l'auteur raconte une belle histoire d'amour entre le chevalier  Perrin de Meurteaux, bâtard  d'un baron du Bessin, acquis aux idées de la révolution, élu commissaire de police et assesseur du juge de paix et Appoline, une jeune mercière républicaine. Outre d'être républicains ils ont un objectif  commun la défense de l'Instruction Publique.

Dans cet ouvrage si la fiction occupe une très grande partie (viol et assassinat de deux jeunes filles, Héloïse de Mareuilles,  conflits dans le village du Cotentin entre modérés et Montagnard...)  l'Histoire n'est pas oubliée ( Perrin participe à la bataille de Neerwinden dont il revient amputé d'un pied, le siège de Granville par l 'armée vendéenne..).

Roman sympathique, sans prétention, se lit avec plaisir.

Merci à Babélio et aux éditions Eurocibles de m'avoir adressé ce roman dans le cadre de Masse critique.

L'EVENEMENT (Annie ERNAUX)

28 décembre 1967 vote de la loi Neuwirth sur la contraception,

17 janvier 1975 loi Veil légalisant  l'avortement.

Pourquoi rappeler  ces deux textes ? Pour mieux comprendre le livre d'Annie Ernaux.

Au début des années 1960, quelques années avant la légalisation de la contraception Annie Ernaux, étudiante en Lettres modernes se retrouve enceinte.

Elle ne souhaite pas garder l’enfant, le père ne se sent pas concerné, alors comment faire disparaître  "cette chose là"?

Pour une étudiante sans relation et  d'origine modeste, compte tenu des risques sur le plan pénal,  une seule solution trouver une "faiseuse d'ange".

Annie Ernaux raconte son parcours, peu d'aide auprès de ses relations, trouver la faiseuse d'ange, trouver l'argent pour la payer, et subir l'intervention clandestine, ses conséquences dramatiques et douloureuses, et la culpabilisation à l'hôpital.

Conclusion d’Annie Ernaux : "Car par-delà touts les raisons sociales et psychologiques  que je peux éprouver à ce que j'ai vécu, il en est un dont je suis sûre plus que tout : les choses me sont arrivées pour que j'en rende compte".

 

 

LE ROYAUME DESUNI (Jonathan Coe)

Nous rencontrons Mary Clarke, 11 ans, chapitre 1 "jour de la victoire,  8 mai 1945". Mary vit à Bournville, cité du chocolat Cadbury, située  aux environs de Birmingham. Nous la suivrons jusqu'au 8 mai 2020, 75eme anniversaire de l'Armistice . Après ses études elle se marie avec Geoffrey Lamb,fils d'un collègue de son père. Ils auront trois garçons, et cinq petits-enfants. Elle enseignera l'éducation physique. Elle décédera en plein confinement. (Dans une note en fin de livre l'auteur précise que pour le personnage de Mary il s'inspire de sa mère et que  tout rapport avec l'histoire de sa famille s'arrête là.)

L'auteur découpe son ouvrage  en sept grands chapitres. Chaque titre de chapitre porte le nom d'un évènement et sa date ayant compté depuis 1945  dans l'histoire du Royaume Uni (couronnement de la reine...mariage de Charles et Diana...).

J'ai vraiment pris un grand plaisir à lire ce roman, le septième que je lis de l'auteur. La construction de l'ouvrage est d'une réussite totale. Tout en découvrant la vie de Marie,de sa famille et de leur entourage, nous revivons avec eux les grands évènements  qui appartiennent à leur Histoire. (j'avais cinq ans en 1953 en l'absence de télévision nous avions les photos de Paris- Match- j'ai également le souvenir de la finale 1966 Angleterre-Allemagne, regardée sur une petite télévision noir et blanc, en famille dont une belle-sœur allemande).

 Sont également abordés des sujets divers comme l'Europe, la guerre du chocolat, le Brexit, le racisme,  l'homosexualité, les contraintes du confinement particulièrement en cas de maladie et décès d'un proche.

Style fluide, écriture très agréable à lire.

LE MAGE DU KREMLIN (Giulianon DA EMPOLI )

Vadim Baranov, inspiré de Vladislav Sourkov,  raconte à l'auteur son rôle de conseiller politique durant les vingt première années de gouvernance de Vladimir Poutine, de sa nomination comme  président de la fédération de Russie  par intérim fin 1999, suite à la démission de Boris Eltsine,  à 2021 veille de l'invasion de l'Ukraine.

Le lecteur connaît par la Presse et les différents médias occidentaux  la plupart des évènements (l'explosion du sous-marin le Koursk), anecdotes (  Angela Merkel et le chien de Poutine) et personnes  (le "cuisinier" Evgueni Prigojine, sinistre personnage du groupe Wagner) évoqués  tout au long de l'ouvrage. L'auteur  raconte  en quelque sorte  le côté "envers du décor".

"Le Mage du Kremlin" ouvrage mi-roman, mi essai politique, est passionnant, inquiétant, et même   terrifiant notamment dans  son avant-dernier dernier chapitre.

LA DOUBLURE (Mélissa DA COSTA)

 De Mélissa Da Costa j'ai lu deux livres. Je pense m'arrêter à ce chiffre. Si j'ai aimé "Tout le bleu du ciel"   je n'ai pas du tout apprécié  "la Doublure". Son ambiance morbide et perverse m'a ennuyée   pour ne pas dire  choquée. Quant aux  trois principaux protagonistes, Evie, Pierre et Clara, je n'ai éprouvé à leur égard aucune empathie. Irène avec peut-être Gaël sont, bien que secondaires,  les seules personnages appréciables.

De plus cette histoire a un côté invraisemblable : le contrat de travail d'Evie a duré sept mois. Est-il  possible d'engranger autant de connaissances et d'aisance dans  le domaine pictural et littéraire du romantisme  noir en si peu de temps ?

L'amie qui m'a prêté ce roman était très enthousiaste du genre "waouh ! tu vas voir  c'est super". Lorsque je vais le lui rendre ma remarque sera plutôt "bof, assez nul".  Nous en discuterons  à plusieurs car le roman est au programme de notre prochain café littéraire.

LES MASQUES EPHEMERES (Donna LEON)

 Si fin décembre je disais ma déception sur le vingt-neuvième roman de Donna Léon "en eaux dangereuses", il n'en est pas de même pour "Les masques éphémères". Ce trentième roman est  une bonne surprise.

Brunetti décide d'enquêter sur un affaire qui n'a fait l'objet d'aucune  plainte auprès de la police : Deux jeunes hommes, Duso et Marcello,  après avoir déposé deux jeunes américaines blessées sur le quai proche de l’hôpital,  sont repartis avec leur bateau les abandonnant. 

Brunetti s'intéressent aux deux jeunes hommes car ils sont proches par leur âge de son fils, Raffi. Leurs réponses aux questions posées l' intriguent ainsi que sa collègue Claudia Griffoni. Le bateau appartient à Pietro Borgato l'oncle de Marcello, transporteur maritime. L'activité de Borgato interroge.  Brunetti et Griffoni semblent convaincus que corruption et  trafic nocturne en font partie. Ils décident de travailler avec la Guardia Costéria. Suspens et violence pimentent  l'histoire. Le ton de la dernière page est inédit.

Dans cet ouvrage pas trop d'introspection de la part de Brunetti  sur l’intérêt de son travail, sur la vie, l'avenir de Venise...Pas de temps mort, de l'action, des dialogues constructifs. La canicule est terminée, il est en meilleure forme. Les repas en famille, les déplacements dans Venise toujours intéressants. Peu de passage avec Elettra, Vianello et Patta absents. Enfin, même observation qu'Umezzu sur l'appartement !

LE JARDIN DE CENDRES (Françoise CHANDERNAGOR)

 Le jardin des Cendres est le quatrième et dernier tome de la série "la Reine Oubliée".  De la déception à sa lecture, ne serait-il pas le volume de trop ?  Pourquoi me suis-je posée cette question tout au long des 547 pages ?

Dans cet ouvrage il est principalement  question de l'Empire romain, ses Empereurs Auguste, Tibère, Caligula, ses mœurs violentes et sanglantes pour cause de rivalités au sujet des successions pour le pouvoir entre les familles Julia et Claudia. En  l'absence d'arbres généalogiques de ces deux familles j'ai totalement perdu pied  entre les mariages, les divorces, les remariages, les naissances, les adoptions en droit romains, les morts violentes ou à "petit feu"....

Séléné est bien entendu présente dans cet ouvrage. Mais une question se pose ?  Dans les trois premiers tomes Françoise Chandernagor  raconte la vie romancée de Séléné en s'appuyant sur l'Histoire (fille de Cléopâtre et Marc-Antoine, élevée par Octavie la sœur d'Auguste, mariée à Juba II, roi de Maurétanie et mère de Ptolémée de Maurétanie). Dans le quatrième opus elle abandonne l'Histoire pour de la fiction pure en  faisant de Séléné la veuve de Juba II. Or selon des textes anciens (Anthologia Palatina du poète grec Crinagoras) Séléné serait décédée  bien avant son époux. (Décès : Séléné 5 après JC, Juba 19 après JC).(1)

Malgré cette remarque sur les dates de décès des époux, il faut reconnaitre que, pour raconter l'histoire de la Reine oubliée,  Françoise Chandernagor a effectué un remarquable  travail de recherche.

 En relisant mes critiques des trois premiers ouvrages je constate qu'à l’exception du premier tome (****) j'ai toujours exprimé un peu de déception. (***).

(1) article Wikipédia