mardi 22 août 2017

LE FILS DU PAUVRE (Mouloud FERAOUN)

Lors d'une conférence sur la littérature algérienne (dans le cadre de l'Université Inter-Age) , le conférencier nous a conseillé la lecture de  certains ouvrages parmi lesquels "le fils du pauvre".

J'ai pris un grand plaisir à lire ce petit livre (146 pages).
 Dans cet ouvrage l'auteur raconte son enfance dans un village de Kabylie dans les années 20.
 Il nous raconte la vie quotidienne dans ce petit village où les habitants sont tous plus ou moins parents. Il parle du travail des hommes et de celui des femmes, de la place des femmes, du statut privilégié des garçons dans les familles.
Il décrit sa famille, ses parents pauvres paysans "Ramdam dépeignait son embarras, sa misère", ses sœurs, ses tantes,  son oncle, ses cousines.
La pauvreté contraindra son père à partir travailler en France.
A 7 ans ses parents  l'envoie à l'école de son village. Lui qui était destiné, comme les autres garçons du village à devenir berger  entrera à l'école primaire supérieure grâce à l'obtention d'une bourse. Il termine son livre alors qu'il vient d'être admis à l'école normale supérieure d'Alger.

Je pense que l'on peut écrire que "le premier homme" d'Albert Camus (publié en 2014) et  "le fils du pauvre" (publié en 1954) ont de nombreux points communs.
Ces deux histoires  sont autobiographiques. elles  se situent en Algérie. Les familles des deux garçons sont pauvres, l'un est français l'autre est Kabyle. Leur niveau scolaire leur permet d'aller au-delà de ce que leur milieu social les prédestinait.  Pour les études la similitude s’arrête là  l'un ira au lycée puis à l'université le second deviendra instituteur à l'issue de l'école normale supérieure.
Tous les deux seront écrivains.
Ils sont nés la même année, en 1913. Albert Camus sera victime d'un accident de la route en 1960, Mouloud Feraoun sera assassiné par l'OAS en mars 1962.


LIQUIDATION A LA GRECQUE (Pétros MARKARIS)

Et un de plus ! Un  nouvel auteur de polar et son  commissaire viennent de  s'ajouter à ma longue  liste d’auteurs  étrangers de polar.
Après avoir entendu parler de Markaris sur une radio, c'est un peu au hasard que, sur la liste de ses ouvrages, j'ai choisi "liquidations à la grecque". je ne le regrette pas, j'ai passé un excellent moment de lecture. j'aime bien  les romans policiers qui nous plongent non seulement dans une enquête mais également dans la vie privée du policier (commissaire, inspecteur..).
 Le commissaire Charitos est entouré d'Adriani, son épouse, Katérina sa fille et Phanis, son gendre.
L'histoire se déroule en  2010 année où  la Grèce connait son premier plan d'austérité. En quelques jours  quatre personnes liés à la finance sont décapitées à l'épée. Dés le premier meurtre l'affaire est confiée au commissaire Charitos. Stathakos de la brigade antiterroriste essaie de récupérer le dossier.  La méthode utilisée pour  les trois autres assassinats, les tracts et des autocollants exhortant les grecs à ne plus payer les banques confirmeront qu'il ne s'agit pas de terrorisme. Après avoir suivi plusieurs pistes dont certaine surprenantes  comme celles des jeux olympiques et du dopage, Charitos résoudra l'affaire.

En restant sur le ton légèrement ironique l'auteur décrit la situation financière et sociale des grecques du fait du plan d'austérité imposé par la "troïka " (BCE, FMI , Commission Européenne) : baisse des salaires et des retraites, âge du départ en retraite reculé de plusieurs années,  augmentation des prix...

L'auteur Pétros Markaris est une belle découverte pour la passionnée de polar !

lundi 21 août 2017

LA FIANCEE DES CORBEAUX (René FREGNI)

J'ai découvert René Fregni et son livre "la fiancée des corbeaux" par la lecture de la critique de Joséphine2.
La lecture de ce petit livre de moins de 200 pages est agréable. Il s'agit d'un journal qui se déroule sur le temps d'une année scolaire, d'octobre à juin. Il commence au départ de la plus jeune fille de l'auteur pour la faculté de Montpellier.
R. Fregni  nous raconte des souvenirs dont ses  promenades en Haute Provence. Il nous fait rencontrer ses amis, le vieux Lili à la mémoire disparue, Isabelle "la fiancée des corbeaux", Tony l'ancien truand  qui participait à l'atelier d'écriture qu'il animait dans la prison d'Aix-en-provence. Avec nostalgie il nous parle de Marilou dont le départ pour Montpellier a créé un vide dans sa vie, de sa mère décédée depuis de nombreuses années.
Je suis frappée par l'absence de deux personnages dans son ouvrage, son père et son épouse. Peut-être en parle-t-il dans d'autres ouvrages ?
J'avoue que son côté voyeur m'a un peu gênée, suis-je trop réservée ?


mercredi 16 août 2017

SOUS LA MEME ETOILE (Dorit RABINYAN)

J'ai choisi de découvrir ce roman après avoir lu une critique dans la revue Lire d'avril dernier (n°454).
Cet ouvrage nous relate  l'histoire d'un coup de foudre et d'un amour compliqué entre une Israélienne et un Palestinien.
Liat, Israélienne, est étudiante en master à Tel- Aviv, effectue un séjour de quelques mois à New York.
Hilmi , palestinien, vit à New York depuis quatre ans. Il bénéficie d'un visa délivré aux artistes, il est peintre.
Liat est juive pratiquante, Hilmi est athée.

Leur histoire commence un soir d'automne. Liat a rendez-vous avec son  ami Andrew à l'Aquarium. Se présente à ce rendez-vous  un garçon "aux cheveux bouclés. je suis un ami d'Andrew.Il m'a demandé de l'excuser..il ne pourra pas venir à ce rendez-vous". Après une longue déambulation dans les rues de New York d'abord pour acheter une certaine couleur bleue pour la peinture puis à la recherche des clés perdues, ils se retrouvent dans l'atelier d'Hilmi. Ils deviendront inséparables jusqu’en mai, date à laquelle Liat doit rentrer en Israël.

Même s'ils sont très amoureux les conflits entre leurs pays respectifs jettent  de temps à autre une ombre sur leur amour. Liat apparait comme la plus sensible devant le fossé qui les sépare. 
Elle garde secrète son histoire surtout vis à vis de ses parents alors qu'Hilmi n'hésite pas à  la présenter à ses frères. Au cours d'un dîner où était présent Wasim, l'un des frères , les échanges agréables laissèrent la place à une querelle violente entre Liat et Wasim. Elle aura le sentiment  d'avoir été "étriller"  sans qu'Hilmi prenne sa défense.

Malgré quelques longueurs j'ai apprécié la lecture ce roman et notamment pages concernant les différends entre Palestiniens et Israéliens, enrichissant ainsi mes connaissances sur le sujet.
Enfin, ce n'est qu'après avoir terminé ce livre que j'ai appris la polémique en Israël lors de sa parution ainsi que son côté autobiographique. Dorit Rabinyan a vécu  une histoire comparable avec Hassan Hourani, artiste palestinien, décédé accidentellement en 2003. Cette  information  rend cette histoire encore plus émouvante. 

LES FANTOMES DU VIEUX PAYS (Nathan HILL)

Un grand merci à Babélio et aux éditions Gallimard pour m'avoir  offert ce magnifique roman.
Il y a quelques jours, sur France-inter,  une critique littéraire a conforté mon enthousiasme en comparant la lecture de cet ouvrage à "une bulle de bonheur".


les 700 pages de cet ouvrage ne peuvent  se résumer.  Elles débordent d'histoires  d'amitié, d'amour, de  bonheur, de mélancolie... de vie tout simplement. Elles  nous baladent du présent au passé et  du passé au présent dans une Amérique contemporaine. Nous y croisons  de nombreux personnages sortis de l'imagination de l'auteur (les plus nombreux) ou réels  notamment le poète Allan Ginsberg, le politique Hubert Humphrey, le journaliste Walter Cronkite.

- 1968 Faye est étudiante à Chicago. Après avoir  participé, un peu involontairement, aux  affrontements extrêmement violents entre les manifestants et les forces de l’ordre à l'occasion de la convention démocrate, elle revient chez ses parents et accepte d'épouser Henri, le père de Samuel.
- 1988, au moment où sa mère l'abandonne,   Samuel noue une amitié, qui aura une influence sur sa vie, avec  Bischop et sa sœur jumelle Bethany.
- 2011, professeur dans une université, il passe une partie de ses nuits à jouer en ligne au monde d'Elfscape sous le contrôle de Pwnage, expert en jeu vidéo.
- 2011 Faye  lance des pierres sur un candidat à la présidentielle. Elle sera surnommée par la presse Calamity Packer.  Samuel, qui rêve d'être écrivain,  propose d'écrire un livre à charge sur sa mère. 
Et nous, heureux lecteur,  allons le suivre dans la reconstitution de sa vie. Il découvrira que sa mère est une personne très complexe. Son éditeur lui confiera  "ta mère, c'est le genre de personne qui ne se sent nulle part chez elle, où qu'elle se trouve..... quitter chez elle, c'est une seconde nature".

Dans son ouvrage, outre l'amitié, l'amour et les relations familiales, l'auteur aborde d'autres questions.  Graves comme la pédophilie, la mort des soldats  américains pendant la guerre d'Irak, la très grande violence de la répression à Chicago en 1968 suite aux manifestations des hippies contre la guerre du Vietnam, le machisme de certains hommes notamment ceux dénommés "les oncles" pendant la retransmission des  manifestations de Chicago, plus légers comme le comportement des joueurs de jeux de rôle en ligne, l'attitude  de certains étudiant à l'encontre  de leurs professeur sous prétexte que leurs parents paient cher les universités,  amusant comme l'éducation donnée dans les années 1960  aux jeunes filles pour "répondre à l'attente des maris" sur l'hygiène féminine et la propreté domestique.

Le style de Nathan Hill ,  fluide avec alternance d' humour et de sérieux,  a séduit et passionné la lectrice que je suis. Il en séduira, j’en suis sûre,  beaucoup d'autres.
Babélio et Babéliote plongez-vous rapidement dans cette "bulle de bonheur".