mercredi 26 juin 2019

LES PUTES VOILEES N'IRONT JAMAIS AU PARADIS ! (Chahdortt DJAVANN)

Au cours d'une émission de la Grande Librairie du 15 avril 2016, Chahdortt Djavann parlant de son roman précisait : "Tout est vrai, tout relève de la pure vérité, tout est fiction, les faits sont vrais, les personnages fictifs"
Bien qu'il ne fasse que 205 pages je l'ai lu sur plusieurs jours tellement ce qu'il raconte est effroyable, révoltant, indicible.
L'Iran vit sous un régime islamique autoritaire revendiquant une double légitimité théocratique et populaire,  la loi islamique s'applique (charia). Ce livre, à la fois fiction et documentaire, raconte un  monde dont nous n'avons pas idée. Il parle de jeunes femmes, souvent mariées alors qu'elles n'étaient pas encore nubiles avec des hommes beaucoup plus âgés Souvent  elles sont amenées à se prostituer  pour survivre, pour élever leurs enfants et parfois payer les drogues des maris ou des frères.
Mais comme elles sont dans l'illégalité, ces  femmes sont fouettées, assassinées "par un bon musulman qui accomplit son devoir" et condamnées à la pendaison.
Ce livre c'est aussi l'histoire de deux amies, très belles, Zahra et Soudabeh.
 Zahra mariée à dix ans, veuve avec deux filles, prostituée deviendra sous la protection de"l’homme providentiel" une femme sigheb (sorte de CDD sexuel). Elle sera assassinée.
Soudabeh deviendra une pute de luxe sous le nom de la Persane .

Une fois ce livre un peu résumé,  je voudrais laisser éclater ma colère : en lisant cet ouvrage j'ai eu envie de crier, de hurler, de cogner...mais comment peut-on traiter des femmes de cette manière. Les hommes de ce roman (je pense qu'il en existe de cette nature ailleurs qu'une Iran) sont d'une lâcheté d'une hypocrisie incommensurable  et en Iran, comme sans doute d'autres pays, le tout sous couvert  de moral et de religion.

lundi 24 juin 2019

SURFACE (Olivier NOREK)

Noémie Chastain, capitaine de police au 36 quai des orfèvre est grièvement blessée lors d'une interpellation. Le profil droit a été touché.  Elle est défigurée. Conséquence : Adriel, son compagnon et collègue,  la quitte et son patron décide de l'expédier  en province à Decazeville avec pour mission d'examiner la fermeture du commissariat pour cause de restriction budgétaire, mais surtout pour ne pas avoir à la "voir" dans son service....le rappel d'un échec du groupe ce n'est pas bon pour le moral !

Lors de son arrivée à Decazeville elle est accueillie par le lieutenant de police Romain Valant. Elle fera ensuite connaissance du reste de l'équipe, le commandant Roze, proche de la retraite, les Brigadiers  Bousquet, le gaffeur et Milk, le bébé policier.

Il ne se passe pas grand chose à Decazeville jusqu'au jour où un pêcheur découvre un fut à la surface du lac d'Avalone. A l'intérieur sont trouvés les restes d'un enfant. 
La Capitaine apprend que le village  d'Avalone est un village  entièrement reconstruit à l'identique. Il y a 25 ans, le précédent village a été englouti  lors de la construction du barrage. L'enquête doit  examiner des faits vieux de  25 ans : une sorte de cold case  qui ne semble pas plaire à tous les habitants....

Pour ne pas divulgacher le plaisir des lecteurs j'arrête là le résumé de l'ouvrage.

De toute façon  tout a déjà été dit et bien dit sur magnifique polar. Je précise juste que j'ai trouvé tous les personnages de ce roman intéressants et personnalisés. Je ne peux pas tous les nommés, ils sont nombreux. Je pense particulièrement, en dehors des principaux déjà cités  au  psy Melchior, au maire Pierre Valant, à l'ancienne collègue et amie de Noémie Cloé, au plongeur Hugo, au chien Picasso et à Vidal, son ancien maître, désagréable mais efficace, à Lily la fille de Romain, à Casteran et Dorin les pères des jeunes victimes, à Madame Saulnier et Elsa.

Surface est le quatrième roman d'Olivier Norek que je lis. Ils sont tous formidables. Seul inconvénient pour l'entourage, le lecteur/lectrice plongé(e) dans le livre  ne s'occupe plus de rien dans la maison !😅
 Ses héros et héroïne  sont non seulement sympathiques,exceptionnels mais surtout très humains.
Je crois que je ne vais pas tarder à acheter Surtensions le seul que je n'ai pas lu.

vendredi 21 juin 2019

THERESE RAQUIN (Emile ZOLA)

Il y a déjà quelques années que j'ai lu la majorité  des Rougon-Macquart. Quant à Thérèse Raquin ( ouvrage reçu gratuitement dans le cadre des campagnes "deux livres achetés un livre offert") elle dormait dans ma PAL depuis 2/3 ans. J'ai décidé récemment de l'en sortir afin d'alimenter le challenge solidaire 2019 - des classiques contre l’illettrisme.

Thérèse Raquin, paru en 1867, est un roman dramatique, glaçant et assez sordide.

Le père de Thérèse l'a confie à Madame Raquin, sa sœur. Il  est militaire. Sa mère, algérienne, est décédée.
Thérèse  est élevée avec Camille, son cousin, enfant de constitution et de santé fragiles. A la sortie de leur adolescence, Madame Raquin ne trouve rien de mieux que de les marier. Ils s'installent tous les trois à Paris, Thérèse va tenir la mercerie et Camille être employé dans l'administration. Seule distraction pour tout ce petit monde  jouer aux dominos le jeudi soir avec quatre invités.
Un soir Camille ramène à la maison Laurent, un copain de jeunesse. Mauvaise idée ! Laurent est le contraire de lui. Il fait fantasmer Thérèse. Devenus amants Thérèse et Laurent trouvent le mari gênant. Une seule solution le supprimer  ! Au cours d'une promenade sur l'eau ils le noieront  et feront passer l'assassinat pour un accident.

Le roman prend alors une toute autre dimension.
Malgré leur mariage deux ans après le drame, les deux amants ne se supportent plus. Le souvenir de Camille est omniprésent, Ils le voient partout. Les portraits  que Laurent, piètre artiste, essaie de faire ont les traits de Camille. Ils ne dorment plus. Thérèse se prostitue. Ils se haïssent. A la suite d'une attaque Madame Raquin se trouve frappée de mutisme et d'immobilité. S'ils s'en occupent totalement ils oublient sa présence silencieuse et devant elle s'accusent mutuellement du meurtre de Camille. Madame Raquin découvre alors que ces deux êtres auxquels elle s'était attachée sont les meurtriers de son fils. Sous ses yeux ils se suicident "trouvant enfin une consolation dans la mort".

Emile Zola, écrivain naturaliste,  a vingt-sept ans lorsqu'il publie ce livre. Sa parution cause un scandale et une polémique littéraire. Le Figaro  nonce  un résumé de « toutes les putridités de la littérature contemporaine".

Au 21eme siècle cet ouvrage est toujours considéré comme  l'un des grands romans de la littérature française du 19eme siècle.

jeudi 20 juin 2019

LE VIEUX QUI LISAIT DES ROMANS D'AMOUR (Luis SEPULVEDA)

C'est un beau conte que Luis Sépulveda nous raconte....
Antonio José Bolivar  Proano est un vieil homme qui, après une vie difficile, puis un séjour chez les indiens Shuars, s'installe dans la petite ville de El Idilio, située au bord du fleuve. Sa connaissance de la jungle fait de lui une sorte d'expert.
Alors qu'il ne sait pas écrire il s'aperçoit  un jour qu'il sait lire.  Il découvre les livres et souhaite lire ceux qui parlent d'amour. Le dentiste itinérant, Rubicondo  Loachamin, lui apportera  à chaque passage des romans d'amour " bien tristes, avec des souffrances terribles et une happy end". 

A quelques jours d'intervalle deux corps d'homme mutilés sont apportés par le fleuve. Le maire  accuse les indiens, mais Antonio lui reconnaît dans les blessures  la marque d'un jaguar. Il comprend que l'un des hommes qui a massacré  des bébés Jaguar, a été tué par la femelle. celle-ci devient un danger pour le village qui organise une chasse. Devant l'incompétence des villageois, Antonio reste seul pour chasser la bête. L'auteur nous décrit  alors un duel entre deux combattants qui se respectent l'homme et l'animal, l'un sera tué. Les pages sur cette poursuite sont pour moi les plus belles de ce court roman.


LA CAGE DOREE (Camilla LACKBERG)

Quelle déception que ce dernier ouvrage de Camilla Lackberg !

Même si nous comprenons très bien qu'elle souhaitait changer de registre et oublier un peu ou définitivement Erica, Patrick, leurs familles et les membres du commissariat, nous aurions souhaité  trouver des personnages plus intéressants et sympathiques  que ceux qui traversent cet ouvrage.

Si Matilda/Faye n'est nullement une femme douce,  comme indiqué sur la quatrième de couverture, elle se révélera en revanche  très rapidement comme une femme impitoyable : Première partie de l'ouvrage  c'est un peu  la "nunuche", complètement soumise à son macho de mari, deuxième partie, trahie et abandonnée par Jack elle se transforme en vengeresse.
Les transformations de leurs caractères et personnalités au cours de l'histoire semblent  assez peu crédibles. Peu crédible également la réussite fulgurante au niveau financier et professionnelle de Faye.
Le milieu dans lequel se déroule l'histoire est celui de millionnaires suédois, résidents dans les quartiers chics de Stockholm. La description qui nous est offerte n'est pas à la gloire de ce milieu. L'auteure  donne l'impression que ces Suédois passent leur temps  à boire et à "baiser", pardon pour ce terme vulgaire, mais les descriptions de nombreuses scènes de sexe n'ont vraiment rien de romanesques  !Enfin nous sommes abreuvés de noms de marques de luxe, l'auteure serait-elle sponsorisée ?

Trois protagonistes sauvent un peu l'ensemble des personnages:  Chris, la grande amie de Faye, Johan l'homme qui aime Chris, et la petite Julienne.

Comme beaucoup de babio/babeliotte  je ne sais pas si je me lancerai dans la lecture d'un deuxième tome de cette série ! 

mardi 4 juin 2019

CHANSON DOUCE (Leila SLIMANI)

En 2016 lorsque cet ouvrage  est paru et que j'ai découvert le sujet,  j'ai immédiatement pensé qu'il n'était pas question de lire un livre qui commençait par l'assassinat de deux enfants par leur nounou. Le fait qu'il ait obtenu le prix Goncourt ne m'a pas fait changer d'avis.

En 2019, dans le cadre du café littéraire, notre jeune animatrice a choisi pour l'une des dernières séances "une chanson douce". J'allais devoir  revenir sur mon a priori et lire "chanson douce".

Une histoire banale : un couple, deux jeunes enfants.  Une mère qui s'étiole, elle souhaite retravailler. Une opportunité se présente. Elle intègre un cabinet d'avocat. La recherche d'une nounou aboutit. Tout va bien ?
Et bien non!  car si dans les premiers temps Louise est une super-nounou : les enfants l'aiment, le ménage fait, les repas préparés, les vêtements nettoyés, rangés,  une tension  s'insinue. Absorbés par leurs activités professionnelles les parents deviennent  dépendants de la nounou. La  nounou de son côté n'a rien en dehors de cette famille. Ils sont tous piégés.  

Le ton de l'ouvrage est donné dés la première phrase "le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes."  Pas de suspense. La fin de l'histoire est connue  dès de premier chapitre. L'auteure, avec un grand talent d'écrivain,  nous raconte comment une histoire ordinaire se termine par un drame effroyable. C'est glaçant.





POINTE ROUGE (Maurice ATTIA)

"Pointe rouge" est le deuxième tome d'une trilogie, ce que j'ignorais lorsque je l'ai acheté  au salon Livre Paris. Je comprends dès les premières pages que les personnages ont un passé que j'ignore. Heureusement l' ignorance se comble au fur et à mesure de la lecture. L'ouvrage peut donc être lu indépendamment du précédent.
L'histoire  se déroule à Marseille entre décembre 1967 et juin 1968.  Elle nous est contée par quatre narrateurs deux policiers, Paco Martinez et Tigran Khoupiguian, deux femmes Irène et Eva. Procédé déstabilisant au début pour le lecteur qui doit deviner l'identité du narrateur.

Paco et Tigran enquêtent sur la mort suspect d'une jeune dealer dans une cité universitaire Il aurait été défenestré par un militant trotskiste. Cette enquête qui au premier abord semblait banale va se transformer en une affaire complexe aux ramifications importantes. Paco et Tigran vont être confrontés aux monde des affaires, de la politique et ses affidés dont le SAC, des mafias. La violence est omniprésente. Il y a des  assassinats, des meurtres, des victimes collatérales, un policier trop curieux sera suicidé. 

Le vie personnelle et le passé des deux policiers ont  un rôle important dans ce roman. Paco  sera grièvement blessé au cour de l'enquête. Il est toujours amoureux d'Irène  beau personnage de femme indépendante. Quant à  Tigran qui connaîtra des événements familiaux douloureux  sera sauvé par l'amour d'Eva, la  jeune paumée qui se révélera être une  femme solide. 

Pointe Rouge est un livre intéressant et passionnant.  La fiction s'intègre aux prémices des évènements et aux évènements eux-même de l'année "68". 

Si j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'histoire, très vite  j'ai trouver un vrai plaisir de lecture au point qu'une fois le livre terminé j'ai immédiatement commandé par internet les deux autres  tomes de la trilogie "Alger la Noire" et "Paris Blues".