lundi 28 novembre 2016

LES DOCKS ASSASSINES L'AFFAIRE JULES DURAND (Roger MARTIN)

Ce livre n'est ni un roman, ni une BD, ni une biographie.C'est l'histoire d'une injustice.
Avec l'aide des  illustrations réalistes de Mako, Roger Martin en choisissant  comme narrateur le commissaire Henry, chargé de l'enquête, nous  raconte les  quelques mois décisifs dans la vie de Jules Durand.
Jules Durand, ouvrier charbonnier dans le port du Havre,  est porté à la tête du syndicat. Une grève illimitée est lancée. Le 9 septembre 1910 une rixe éclate entre des grévistes et Louis Daugé non gréviste. Au cours de cette rixe entre personnes alcoolisés, Daugé est frappé violemment. Il meurt le lendemain.
Le 11 septembre Jules Durand est arrêté en même temps que d'autres membres du syndicat.
A la suite  d'une instruction à charge le procès s'ouvre le 10 novembre 1910. Jules Durand est défendu par un très jeune avocat, René Coty.
le 25 novembre le verdict tombe : Jules Durand est condamné à mort "pour complicité d'assassinat".
Devant les nombreuses réactions non seulement en France mais également en Angleterre et aux États-Unis, Jules Durand est gracié partiellement le 31 décembre 1910. Il sera libéré le 16 février 2011.
Malheureusement la condamnation et l’emprisonnement  ont eu raison de son état de santé mentale. Il est interné à l'asile d'aliéné de Sotteville-lès-Rouen. Il meurt le 20 février 1926. Il a 45 ans.
Le 15 juin 1918 il  été définitivement reconnu innocent par un arrêté de la Cour d Cassation.

Cette affaire appelée par certains "l'affaire Dreyfus du pauvre" a été sans aucun doute  une  manipulation politico-judiciaire, entretenue par la presse locale particulièrement le Havre-Eclair.

 J'ai choisi ce livre lors de la relance de babélio pour le challenge "et si on lisait tout ensemble". Jules Durand n'est pas oublié, son histoire a fait l'objet de pièces de théâtre, d'un téléfilm, de plusieurs livres et de travaux universitaires. Une exposition lui a été consacrée au Havre en 2016. Personnellement j'ignorais tout de cette histoire.
 J'ai lu ce court récit pratiquement sans interruption (159 pages)  avec un très grand sentiment de révolte et d'indignation, bouleversée par l'injustice dont cet homme a été la victime.



mardi 22 novembre 2016

BRUNETTI EN TROIS ACTES (Donna LEON)



Je me souviens d'avoir découvert  cette auteure  en 2005... sur 2005/2006 j'ai lu les douze premiers livres parus en poche. Depuis n'ayant pas la patience d'attendre la parution en poche...je lis le dernier opus dès sa parution en français.
Je ne sais pas si ce dernier ouvrage est le meilleur ou l'un des meilleurs... il est excellent tout simplement.
Contrairement à la majorité de ses ouvrage,  Donna Leon n'y  traite pas d'une question de société.
Flavia Petrelli, que nous avons déjà rencontrée, est de nouveau à Venise. Elle loge dans un appartement appartenant au marquis Federico d'Istria, dit Freddy, ami commun de Flavia et de Brunetti.  Elle doit donner à la Fenice plusieurs représentations de la Tosca. Au cours de sa tournée européenne, Londres, Saint-Petersbourg et Venise, elle est harcelée par un inconnu qui la noie littéralement sous des centaines de roses jaunes. Alors qu'une jeune cantatrice qu'elle a rencontrée et complimentée s'est fait agressée, elle informe Brunetti du "harcèlement floral" dont elle est l'objet. Grâce à ses qualités d'enquêteur et à Elettra il identifiera la personne. L' enquête s'achève sur la scène de l'opéra au milieu des décors, comme une réplique du dernier acte de l’œuvre de Puccini.

Avec Flavia on découvre les coulisses de la Fenice, avec Brunetti on reprend nos promenades dans la Venise des vénitiens et non celle des touristes.

Comme je l'avais déjà noté dans le livre précédent (Le garçon qui ne parlait pas) une certaine légèreté a disparu dans les rapports et dialogues entre les personnages. L'ambiance du commissariat paraît plus sombre. Elettra, plus grave,  est en grève partielle en réponse à la plainte officielle déposée par le lieutenant Scarpa à l'encontre d'Alvise, les entrevues entre Brunetti et  le vice-questeur sont  plus  tendues, et  Vianello est pratiquement  inexistant.  

Il en est  un peu de même dans le milieu familial :" Aucun d'entre eux ne remarqua son arrivée. Il se tint debout et les observa. Sa femme était transportée par sa vénération pour les mots, sa fille par le soleil, et son fils par quelque chose qu'il se refusait à appeler de la musique. Dans leur envol vers des états de conscience modifiés, ils ne pensaient plus du tout à lui, ni même, visiblement, à déjeuner."

Enfin, par petites touches,  Donna Leon nous laisse entendre  que ses personnages vieillissent. Dans le précédent livre c'était Paola : " Paola se leva et Brunetti nota ,pour la première fois, qu'elle s'était aidé d'une main pour se mettre debout", dans le dernier c’est  Brunetti  "une vague soudaine de fatigue s'empara de lui et il craignit de ne pas arriver au véhicule sans s'asseoir et se reposer".


Pour conclure, en inconditionnelle de Dona Leon,  j'avoue  que j'ai une nouvelle fois passé un excellent moment de lecture.

vendredi 18 novembre 2016

DOUBLE PIEGE (Harlan COBEN)

 "Ne le Dis à Personne" a été  en 2003 mon premier contact avec H. Coben. Ayant beaucoup apprécié cet ouvrage j'ai ensuite  lu pratiquement tous ses nouveaux livres. L'an dernier, un peu lassée par la construction quasiment identique de ses romans, j'ai décidé d'abandonner cet auteur.

Cependant, abonnée à France Loisirs, j'ai du choisir un livre dans le dernier catalogue. Peu intéressée par les ouvrages proposés je me suis rabattue sur de dernier Coben "double piège". 
Quelle bonne surprise, même si le début du roman n'est  pas très original : Joe, le mari  assassiné,  réapparait sur une caméra de surveillance que Maya,  son épouse, a installée pour surveiller la nounou de Lily, leur petite fille. Il était issu d'une famille riche, propriétaire de laboratoires médicaux. Une fois la situation présentée, l'histoire s'anime  et accroche le lecteur.  Maya est un personnage intéressant : ancienne officier ayant combattu en Afghanistan, elle a du quitter l'armée à la suite d'une bavure dénoncée par une sorte de lanceur d'alerte. Alors que la police enquête sur l'assassinat de Joe, Maya enquête de son côté pour connaître pourquoi et par qui sa sœur Claire a été assassinée ainsi que les conditions du décès d'Andrew, le jeune frère de Joe.

J'ai lu ce livre quasiment sans interruption par un dimanche après midi gris et triste. Le suspens est total et  la conclusion  surprenante et originale (pour un roman d'Harlan Coben)  me paraît  l'une des qualités de l'histoire.

mercredi 16 novembre 2016

LAETITIA (Yvan JABLONKA)

 "La vie est fête comme sa". oui, comme ça la vie est fête." (page366)

Alors que je termine l'ouvrage de Y. Jablonka commence le procès de la mère et du beau-père de la petite Fiona : deux  faits divers, mais surtout deux vies brisées par la violence. les auteurs de ces meurtres ont voulu disparaître les corps, si celui de Lætitia a été retrouvé démembré, celui de Fiona reste introuvable.

 "Lætitia" est un livre très fort et émouvant quoique en ont pensé  certains critiques.(notamment A. Vivian et J.L. Eizine du Masque et la Plume du 16/10/2016).

Après avoir rencontré tous ceux qui ont connu Lætitia (Jessica, sa sœur jumelle, ses parents, la famille d’accueil, les amis et employeurs, les membres des service sociaux, etc) l'auteur nous décrit la vie trop brève d'une jeune fille née dans un milieu social particulièrement défavorisé.
Suite à l'incarcération de leur père, l'hospitalisation en psychiatrie de leur mère, Lætitia et Jessica ont été "trimbalées" d'une grand-mère en centres sociaux pour terminer dans la famille Patron. Si dans cette famille d'accueil elles ont été majoritairement bien traitées, elles ont eu à  subir de la part du père des abus sexuels.
Avec pudeur et tendresse pour cette jeune fille, l'auteur   raconte Lætitia :  ses chagrins et ses drames, ses joies et instants de bonheur.

Cette histoire ne nous était pas inconnue, la presse s'en était fait l'écho à plusieurs reprises. L'abondance d'événements et de rebondissements ne nous avaient  pas  laissés insensibles, nous avions été  émus et horrifiés : l'enlèvement d'une jeune fille en Loire-Atlantique, l'incarcération du présumé coupable, l'horreur de la découverte  du corps démembré, le procès de son meurtrier, l'attitude puis la dénonciation et la condamnation de M. Patron.