samedi 23 mars 2019

OFFSHORE (Petros MARKARIS)

Offshore est le cinquième roman que je lis de Pétros Markaris, le quatrième  dans lequel le commissaire se voit confier en même temps 3 enquêtes pour morts violentes (le cinquième roman lu compte quatre morts) : on  ne lésine pas en Grèce sur le nombre de morts !

Revenons à Offshore. C'est avec plaisir que je retrouve la famille du commissaire, Adriani l'épouse, excellente cuisinière, Katérina, la fille avocate, Phanis le gendre ainsi que les amis Mania, Uli, Zissis...

La Grèce est sortie de la crise, un nouveau gouvernement ni-droite, ni-gauche, est au pouvoir, l'argent rentre, les salaires augmentent, les grecques retrouvent leur voiture et les embouteillages. En dehors d'Adriani tout le monde semble se réjouir de la situation.

Le premier mort est directeur de l’office du tourisme, le second est armateur et le troisième journaliste en retraite. 
Comme à son habitude le commissaire Charitos enquête consciencieusement, il cherche non seulement qui a tué les victimes mais surtout le pourquoi ils ont été tués ... démarche qui ne plaît pas à sa hiérarchie, il sera suspendu. 

Roman policier un peu décevant par rapport aux livres précédemment lus de l'auteur. J'ai trouvé le démarrage du récit  un peu lent, puis le suspens arrive et l'intérêt du lecteur se réveille. La deuxième moitié de l'ouvrage se dévore.

vendredi 22 mars 2019

LE DERNIER JOUR D'UN CONDAMNE (Victor HUGO)

En février 1829 parait un court récit, sans nom d'auteur. Le sujet de cet ouvrage est un plaidoyer contre la peine de mort. A sa sortie le livre fera l’objet de nombreuses critiques.

Les éditions suivantes seront signées de Victor Hugo. Pour répondre aux premières critiques Victor Hugo complétera l'ouvrage par des préfaces, notamment pour l'édition de 1832. Il ajoutera également une petite saynète parodique mettant en scène des bourgeois critiquant son ouvrage.

Le  livre est écrit à la première personne. Le narrateur, un homme encore jeune, vient d'être condamné à mort.
Après sa condamnation il est conduit à Bicêtre. On lui donne  "de l'encre, du papier, des plumes et une lampe de nuit". Il va écrire son journal :  " D'ailleurs ces angoisses, le seul moyen d'en moins souffrir, c'est de les observer, et les peindre m'en distraira."

 Il ne donne ni son nom, ni le nom de  la victime, ni le pourquoi de son crime. Une seule référence à son acte : « moi, misérable qui ai commis un véritable crime, qui ai versé du sang ! ».

Il parle  peu de sa vie d'avant. On apprend qu'il a une mère, une épouse et une petite fille, Marie.
Il se fait du soucis pour elle  : "Mais ma fille, mon enfant, ma pauvre petite Marie, qui rit, qui joue, qui chante à cette heure, et ne pense à rien, c'est celle là qui me fait mal !" Il la reverra une dernière fois, mais elle ne le reconnaîtra pas "Non, mon papa était bien plus beau".
Le narrateur confie principalement à son journal ses angoisses devant la mort, ses dernières pensées, ses souffrances  morales et physiques.
L'un des gardiens lui permet d'assister au ferrage des forçats avant leur départ pour le bagne. Devant ce spectacle insupportable, pour la deuxième fois il écrira "plutôt livrer mon cou au couteau de Guillotin qu'au carcan de la chiourne".
Mais quant arrive l'heure de l’exécution, il espère encore que sa grâce arrivera   :" "il n'est pas possible qu'on ne me fasse pas grâce!"

Victor Hugo dira de son ouvrage : « Le Dernier Jour d’un condamné n'est autre chose qu'un plaidoyer, direct ou indirect, comme on voudra, pour l'abolition de la peine de mort ».
 
L'abolition souhaitée par Victor Hugo ne sera votée en France que 152 ans après la parution de son ouvrage.





lundi 18 mars 2019

LES AVENTURES D'UN BABY-BOOMER BRETON (Michel BOURHIS et Cyrille MAGUER)

Cet ouvrage raconte la jeunesse de Michel Bourhis,  Finistérien,  de 1951 (son année de naissance) à 1975 :  "en 1975 s'impose comme une évidence l'appréhension de l’avenir.... Dès lors s'imposa la décision irrévocable de me ranger." (P.191)

Son témoignage sur ses vingt-quatre premières années est recueilli par Cyrille Maguer.

De part son année de naissance Michel appartient à la  génération très nombreuse  appelée "la génération  du baby- boom". (Génération à laquelle j'appartiens également.)

Michel vit avec sa famille à Concarneau dans le quartier de la "Ville Close". Son père est pêcheur.
Pour lui et ses copains la Ville Close est leur domaine, un véritable terrain de jeux qu'ils défendent contre les bandes des autres quartiers. La famille n'est pas riche. Pendant les vacances, depuis l'âge de 11 ans, Michel fait des petits boulots .
Les descriptions  des années 1950 et des premières années 1960 sont  très réalistes. 
Les conditions de vie se modifient particulièrement  dans les  années 1960 avec la construction d'immeubles comportant salle de bain et toilettes, l'arrivée de matériel  ménager ( réfrigérateurs, machine à laver, meuble en formica) du transistor et du tourne-disque qui permettent le développement d'une musique propre à la jeunesse ( les Beatles, Johnny Hallyday,etc), la télévision, les émissions de radio et les magasines réservés à la jeunesse (salut les copains).

Puis arrive mai 1968, Michel a dix sept ans, avec un copain ils partent pour Paris, ils participeront aux événements. Leur retour en Bretagne ne sera pas brillant, ils sont mineurs. (la majorité est à 21 ans). Michel abandonnera ses études et partira avec des copains sur la route (la France, l'île de Wight, l'Allemagne, la Hollande..), ils feront des rencontres, notamment avec des jeunes filles, les mœurs ont évolués.  Pas de service militaire, il va être exempté  par un officier qui aime Concarneau pour y passer ses vacances !!

Même si ma propre jeunesse  n'a pas grand chose à voir avec celle de Michel, il n'en demeure pas moins que notre génération a des souvenirs en commun. C'est sans doute la raison pour laquelle   j''ai ressenti un peu de  nostalgie à la lecture de ce livre.

Merci à Babélio et aux éditions LIV'Editions de m'avoir adressé ce livre.

jeudi 14 mars 2019

LA TELEVISION (Jean-Philippe TOUSSAINT)

Livre au programme de la prochaine réunion du café littéraire auquel je  participe dans ma commune. J'imaginais, compte tenu du titre, que j’allais devoir lire un essai dans le  style "avantages et inconvénients de la télévision".

Quelle bonne surprise en découvrant qu'il s'agissait d'un roman, certes  minimaliste, dans la lignée du mouvement littéraire le nouveau roman, avec en plus une dimension humoristique.

Le narrateur est  historien d'art. En 1995 il prend  une année sabbatique pour rédiger un essai sur  Titien ou Le Titien. Installé à Berlin avec sa famille, il se retrouve seul pendant un mois d'été, Delon, son épouse,  étant partie en vacances en Italie avec leur petit garçon.
Après avoir regardé à la télévision l'arrivée du tour de France sur les Champs Élysées, il décide d'éteindre définitivement sa télévision.

Alors qu'il est censé travailler sur son essai il va  passer ses journées à procrastiner. Il se trouve mille et une occupations qu'il nous raconte par le menu comme ses repas, sa toilette et son habillement,ses promenades,la  pinacothèque, la piscine, le nettoyage des vitres, l'arrosage des plantes,etc. 
Même s'il lui arrive de réfléchir à son essai, la télévision reste omniprésente non seulement dans sa tête mais aussi  dans ses yeux tournés vers les fenêtres des immeubles  éclairés par les écrans de télévision. 

Ce bref roman  pourrait paraître sans intérêt,  mais le style ironique et drôle  de l'auteur divertit  et réjouit  le lecteur/lectrice.

samedi 9 mars 2019

CHAGRIN D'ECOLE ( Daniel PENNAC)

Comment parler de ce livre, lu une première fois lors de sa parution (2007), relu  en février pour une réunion  café littéraire ?

Je me suis souvenue surtout  de la remarque de sa vieille maman "quasi centenaire"  au premier chapitre où elle dit à l'un des frères de l'auteur, après avoir vu une émission sur Daniel  "tu crois qu'il s'en sortira un jour ?" et de la dernière page où il est question des hirondelles qui traversent sa chambre.
Et ensuite,
J'ai retrouvé le cancre, ses difficultés et son chagrin,
j'ai retrouvé l'ancien élève rendant hommage à ses "sauveurs" : en troisième  le professeur de français qui l'invita à écrire un roman, un chapitre par semaine, en première le professeur de mathématique, en première terminale Mademoiselle Gi, gigantesque historienne, et dans sa deuxième terminale Monsieur S "un philosophe hors de pair",
j'ai retrouvé l'ancien  professeur et son empathie pour ses élèves en difficultés,
j'ai retrouvé l'ancien professeur proposant des conseils à ses collègues et aux parents d'élèves,
j'ai retrouvé l'écrivain se rendant dans les établissements scolaires pour partager son expérience et encourager les élèves. 

Roman, autobiographie et essai, ce livre est tout cela. 
Reste  à souhaiter que ce livre, sorti il y a douze ans, soit toujours lu par ceux qui ont en charge des élèves en difficulté.

EN GUERRE (François BEGAUDEAU)

Avoir envie d'abandonner un livre en cours de lecture c'est un phénomène qui m'arrive rarement, j'y ai pensé au cours de la lecture de "En Guerre".
Je ne l'ai pas fait,  je l'ai terminé  avec beaucoup de mal. J'ai mis environ  8 jours pour lire les 297 pages ! je m'y suis ennuyée. L'écriture est peu fluide, il faut parfois relire une phrase, un paragraphe pour en saisir le sens.
L'auteur aborde de nombreux sujet, sans doute trop, peut-être. On  peut les qualifier de sujets  sociétos-politicos-économicos.  Intéressants, sans aucun doute, et d'actualité, particulièrement  depuis les 17 semaines GJ, mais avec un ton infiniment pessimiste. Il y a peu de joie et d'espoir dans sa vision.

En moins de 300 pages l'auteur traite de la fracture sociale, de  la précarité, de la fermeture d'usine, du chômage et des chômeurs, de  la dépression, du suicide, de l'infidélité, de la culpabilité, des  émigrés et de leur exploitation par des employeurs sans scrupule, des bénévoles, des bobos et d' entrepreneur (repenti ?)  d'usine à loisirs !

Précédemment de F. Bégaudeau je n'ai lu que  "entre les murs", et ce après avoir vu son film. J'ai d'ailleurs préféré le film, qui m'a paru  plus optimiste  que le livre.

mardi 5 mars 2019

A MEME LA PEAU (Lisa GARDNER)

Mon premier contact avec Lisa Gardner a été "le saut de l'ange". ouvrage que j'ai beaucoup apprécié.

"A même la peau" est donc un deuxième contact avec l'auteur. 
Les enquêteurs ne sont pas les mêmes. Dans ce livre l'enquêtrice est D.D. Waren, personnage si j'en crois les critiques,  se retrouve dans d'autres histoires.

Au cours d'un dernier examen d'un lieu où un crime a été commis, D.D. a reçu un coup qui a entraîné  sa chute. Elle a notamment une fracture par arrachement de l'épaule . Un deuxième crime vient d'être découvert. Bien qu'en arrêt maladie D.D. décide d'aider son collègue Phil.
Deux autres personnages importants dans ce roman Adeline et Shana. Elles sont sœurs. Elles ont été séparées enfants après le décès de leur père et la dépression de leur mère. Leur père était un tueur en série.
Adeline, qui souffre d'une maladie rare - elle ne ressent pas la douleur - a été adoptée par un médecin. Elle a pu faire des études brillantes. Elle est spécialistes en thérapie cognitive.
Shana est en prison, condamnée à perpétuité suite à des meurtres dont celui d'un jeune garçon. 
D.D. a rendez-vous avec Adeline pour apprendre à maîtriser ses douleurs.

Les deux crimes sur lesquels D.D. enquête et leur mise en scène macabre ressemblent étrangement aux crimes commis il y a quarante ans par Harry Day, le père d' Adeline et Shana.

Honnêtement je me suis en grande partie ennuyée pendant la lecture. J'ai trouvé qu'une grande partie de l'ouvrage trop lent, l'enquête manquant de souffle .. Ce n'est qu'après avoir lu  une bonne moitié de l'ouvrage que  mon intérêt s'est réveillé. L'enquête devenait un peu plus passionnante. La fin sauve le livre.

conclusion plus de déception que de plaisir de lecture.

L'ENFANT PERDUE (Elena FERRANTE)

Le dernier tome de la quadrilogie d’Elena Ferrante peut être  résumé en un "je t'aime moi non plus" de l'amitié tant les rapports entre Elena et Lila sont tout à la fois   chaleureux, orageux, mouvementés....

Cet ouvrage raconte  30  années  de la vie des deux héroïnes, soit celles de la maturité et de la vieillesse.

Elena a quitté Pietro, son mari . Elle vit, pendant quelques années,  le grand amour avec Nino. Ils auront une petite fille, Imma. Mais Nino est un homme égoïste, il ne s'intéresse qu'à lui-même.  Elena qui est revenue vivre à Naples avec ses filles, décide de le  quitter. Elle emménage  dans le même immeuble que Lila. Auteure reconnue, elle voyage beaucoup. Lila prend alors en charge les filles de son amie.
Lila et son compagnon  Enzo dirigent  leur entreprise d'informatique. Ils auront une petite fille, Tina, "l'enfant perdue".
Les années passent. Elena décide de quitter Naples. Elle s'installe à Turin. Ses filles aînées partent aux Etats-unis rejoindre leur père. Imma fera des études en France. Quant à Lila elle se séparera d'Enzo puis disparaître à son tour.  Rino, son fils, n'aura pas eu  beaucoup de réussite dans sa vie.

Dans ce dernier opus le lecteur retrouve  tous les personnages des précédents  tomes, particulièrement ceux du quartier populaire.  Certain seront arrêtés, feront de la prison, d'autres vont mourir, les mafiosos seront assassinés. L’Italie traverse des périodes difficiles, la violence avec les brigades rouges, la corruption en politique. En novembre 1980, Naples subit un tremblement de terre,  l'auteure nous le raconte en  décrivant l’événement vécu par Lila et Elena.

Ma lecture de ces quatre livres s'est étalée de février 2017 à février 2019. C'est avec nostalgie que je quitte non seulement Elena et Lila mais aussi tous les protagonistes, aux rôles plus ou moins importants , de cette extraordinaire saga.