FESTIN (Margaret KENNEDY)

 Inquiète de ne pas voir paraître en français le cinquième tome de la Saga des Cazalet, j'ai interrogé l'éditeur La Table Ronde. Une collaboratrice m'a répondu que le cinquième tome était prévu pour octobre 2022 .Pour attendre elle me conseille deux ouvrages : "une saison à Hydra" d'Elisabeth Jane Howard et "le Festin" de Margaret Kennedy. Je me suis empressée de les commander  et de les lire, l'un en mai, le second en juin.

le lieu : un petit hôtel au pied d'une falaise en Cornouailles

l'époque : été 1947

Le livre commence par un prologue dans lequel l'autrice divulgâche la fin :  l’hôtel Pendizack, tenu par le couple Siddal et leurs trois fils s'est effondré entraînant dans la mort sept personnes.

Sept grands chapitres, portant le nom des sept jours qui ont précédé l'accident, dressent  la personnalité et l'histoire  des personnages (propriétaires, personnel, vacanciers  adultes et enfants) , révèlent les relations entre eux et chroniquent les activités de chacun.

La lecture de cet ouvrage est un vrai bonheur. Dans chaque description des protagonistes le talent de l'autrice explose. Chaque personnage est magnifiquement dessiné tant sur le plan physique que psychologique. De l'humour anglais et aucun ennui pour le lecteur.

MAURICE GIMBEL VOULAIT REVOIR LA MER (Pierre GUINI)

Maurice Gimbel a 96 ans. Depuis plusieurs mois il séjourne dans  un Ehpad " les Capucines". Il se croit dans un hôtel 4 étoiles mal tenu. Il souhaite s'en évader. Deux fois par mois il a la visite de son fils Piel. Leurs liens sont un peu distendus, Maurice Gimbel ayant été, par ses activités professionnelles ou autres, très souvent absent du domicile familial. Maurice Gimbel (c'est ainsi que son fils le nomme) évoque quelques  souvenirs, réels ou fantasmés ?

Son fils réalisera son  souhait.   A Cabourg,  il  reverra la mer et parlera  enfin à son fils "Voilà fils, je t'ai raconté l'essentiel".

Malgré les sujets traités, rapport père/fils,  vieillesse,  vie dans les Ehpad, vérité et mensonges, le ton du livre n'est pas sombre, peut-être un peu mélancolique. L'humour est présent.

L'OISEAU BLEU D'ERZEROUM (Ian MANOOK)

Le roman "L'oiseau bleu d'Erzeroum " inspiré par une  histoire familiale, est un récit fictionnel intégré dans l'Histoire dramatique des Arméniens dans la première partie du XXe siècle.

Si le fil rouge du roman est bien le génocide arménien perpétué par les turcs en 1915, les descriptions de l'exode et des massacres, dont la cruauté est inimaginable, ne concernent qu' une centaines de pages,  difficiles mais très convaincantes.

La plus grande partie du roman se passe après le génocide. Il  raconte à la fois l'histoire, plutôt  mouvementée, des nombreux protagonistes, particulièrement celle de Araxie, Haïganouch et Assina, et l'Histoire avec un grand H :  montée du nazisme,  du fascisme, purges staliniennes, Mustapha Kemal, l'incendie de Smyrne...

Roman intéressant qui permet d'apprendre ou de réviser des moments de l'histoire du XXe siècle. Les personnages de fiction sont bien dessinés et  en grande majorité attachants, à l'exception bien sûr de ceux dont les actions sont motivées par la cruauté, le cynisme  et la méchanceté.

Le génocide arménien est évoqué dans Mairig, le livre écrit ,sur  sa mère,  par le réalisateur d'origine arménienne, Henri Verneuil .

1991 (Franck THILLIEZ)

 Comment parler de 1991 alors que 394 personnes l'ont fait avant moi ? 

Ne pas résumer le roman, dire seulement son ressenti ?

j'ai beaucoup, beaucoup aimé ce livre, lu en deux jours. 

Rien à dire sur la gestion de l'enquête. l'angoisse du lecteur monte crescendo, avec quelques pauses. La description de certaines scènes sont juste limites supportables mais n'arrêtent pas la lectrice  dans sa lecture. Le suspens est hyper présent. La fin imprévisible.

Les protagonistes sont tous fort bien dessinés. Bien sur Sharko jeune, plein d'enthousiasme pour son nouveau poste au 36 quai des Orfèvres. Les inspecteurs et commissaires ont des personnalités différentes et intéressantes. L'ambiance du 36 est celle que l'on imagine après avoir lu des polar ou vu des films.

Un peu de nostalgie, ambiance de l'époque du début des années 1990 bien recréée

Ce roman m'a permis de renouer avec l'auteur que j'avais un peu abandonné. J'avais trouvé l'ambiance de certains de ses livres difficilement supportables. De mémoire j'en cite deux  "deuil de miel" et " Train d'enfer pour ange rouge".

Aucun regret d'avoir craqué devant la page de couverture en faisant mes courses à Monoprix (d'habitude j'achète mes livres sur la fnac.fr)

LE SUSPENDU DE CONAKRY (Jean-Christophe RUFIN)

 Livre lu dans le cadre du Club de Lecture du mois de juin.  J'ai lu peu de livres de JC Ruffin. De mémoire ses premiers ouvrages lors de leur sortie : L'Abyssin et Rouge Brésil.

Honnêtement je me suis légèrement  ennuyée  au début du livre. J'ai commencé à m'y intéresser après l'arrivée de la sœur de la victime, Jocelyne Mayères.  Le personnage d'Aurel qui m'avait semblé jusqu'à ce passage  plus ridicule qu'amusant s'est transformé au contact de la belle et intelligente Jocelyne. On oublie un peu son accoutrement,  ses nombreuses bouteilles de vin blanc et on lui concède de l' intelligence, le sens  de la dérision, de l'humour et un talent d'enquêteur !

Le passé diplomatique de l'auteur l'autorise sans aucun doute de caricaturer avec ironie le personnel du consulat et les membres de la colonie française.

LES IMPATIENTES (Djaïli AMADOU AMAL)

 "Patience, mes filles ! Munyal ! Telle est la seule valeur du mariage et de la vie." telle est une partie du message qu'un père camerounais  donne à ses filles le jour de leur mariage.

La scène se passe au nord du Cameroun dans une famille riche, peules et musulmane.

Les Impatientes sont trois femmes qui, chacune à leur tour, vont raconter leur mariage.

Ramla et Hindou sont demi-sœurs. Leur père les marient le même jour. Elles n'ont pas choisi leurs époux.  Leur père et leurs oncles ont choisi pour elles  sans tenir compte de leurs souhaits.

Safira est plus âgée. Elle a été mariée dans les mêmes conditions mais elle a fini par aimer son mari dont elle a eu plusieurs enfants. Après vingt années de monogamie, il décide de lui imposer une deuxième épouse. Ce sera Ramla.

Le récit de chacune de ses femmes est bouleversant. On s'indigne de la façon dont elle sont traitées : sous je joug de l'autorité masculine et religieuse,  peu ou pas d'autonomie, peu valorisée, soumis à des  violences physique, morales, viol conjugal. 

Un peu surprenant , bien qu'elles subissent ou ont subi le même quotidien, les femmes ne semblent pas toujours solidaires entre elles.

Sans être autobiographique, l'autrice se serait inspirée de certains passages de sa vie personnelle (mariage forcé à 17 an).

  

ENQUETE DANS LE BROUILLARD (Elizabeth GEORGE)

" Enquête dans le brouillard" est le premier tome de la série racontant les enquêtes menées par l’inspecteur Lynley et Barbara Havers, deux personnalités a priori incompatibles. Mon premier contact avec cette histoire date d' une trentaine d'années. Depuis j' ai lu les 19 autres tomes. Le 21e  Something to Hide n'est pas encore paru en français. 

J'ai sorti ce roman de ma bibliothèque pour  compléter mon score dans le Challenge Solidaire 2022.

Malgré le côté tragique de l'enquête - un mort par décapitation - j'ai aimé retrouvé le  duo Lynley/Barbara  pour  leur première enquête.  Connaissant la suite de leurs aventures j'ai pu avoir une appréciation  plus objective  des personnages .

L'intérêt de l'enquête -  comme de toutes celles qui suivront - n'est pas de connaître en priorité l'identité du ou des coupables , mais dans la façon dont elle est menée. Si, trivialement on peut dire des deux enquêteurs "qu'ils mouillent la chemise", on doit ajouter qu' ils font surtout  preuve à l'égard  des victimes d'empathie, et de compassion. 

Conclusion : j'avoue être une inconditionnelle de la série Lynley/Barbara, j'attends avec impatience la sortie du dernier tome.