lundi 26 mars 2018

AGLA LE PREMIER EVANGILE (Alain LE NINEZE)

Je remercie la vieille dame charmante qui, en me prêtant ce roman, m'a fait connaître Guillaume Postel, un des principaux représentants de la Renaissance "considéré à son époque comme une grand savant en même temps qu'un original ou un illuminé".
Ce livre est écrit à la première personne, l'auteur prêtant  sa plume à Guillaume pour retracer sa vie.
Se mêlent dans ce récit Histoire (avec un grand H) et fiction.
Guillaume Postel,  français de confession catholique,  est non seulement un grand savant (orientaliste, philologue, théosophe) mais aussi un grand voyageur ( Europe et Orient) et un écrivain ( une soixantaine d'ouvrages).

Il a environ 25 ans lorsqu'il est chargé par la sœur de François 1er, Marguerite de Navarre, d'accompagner Jean de la Forest, nommé ambassadeur auprès de Soliman le Magnifique.  L'objet principal de son voyage serait  de retrouver un texte ancien, l'évangile apocryphe de Jacques. 
Après Constantinople il vivra quelques mois à Venise. Plus tard il se rendra à Prague, à Vienne,  en Angleterre, à Rome où il sera emprisonné pendant quatre ans. 
De ses nombreux  voyages il rapportera de nombreux manuscrits anciens dont certains alimenteront la Bibliothèque du Château de Fontainebleau, embryon de la bibliothèque nationale.  Il recherchera également d'autres textes apocryphe (l'évangile de Juda, l'évangile de Thomas).

Sa vie traverse le  XVIe siècle. Dans ces mémoires il est question de personnages et événements de ce siècle. On peut citer notamment des rois de France (François 1e, Henri II, Charles IX), des princes étrangers (Soliman , Charles Quint)),  des religieux (Ignace de Loyola, Paul IV), des intellectuels (Jean Gelida, Pierre de la  Ramée), des scientifiques (John Dee) , des imprimeurs-libraires (Gianti, Daniel Bomberg), les guerres de religion, le massacre de la saint-Barthélémy,  l'Inquisition.  
Il est le fondateur en France du courant de pensée appelé la "kabbale chrétienne".

Même si certains sujets de discussion entre Guillaume et ses interlocuteurs m'ont semblé  assez hermétiques j'ai apprécié la lecture de cet ouvrage.


samedi 17 mars 2018

GREGORY, LA MACHINATION FAMILIALE (Patricia TOURANCHEAU)

En seulement 245 pages Patricia Tourancheau réussit l'exploit de nous faire le  récit complet de l'un des plus grands faits divers du XXe siècle : "l'affaire Grégory."

Il y a trente quatre an un petit garçon de quatre ans a été assassiné, jeté dans la Vologne, mains et pieds liés par des cordelettes.
Ce fait divers ignoble fait partie de notre mémoire collective. A chaque réouverture ou rebondissement, on souhaite pour les parents de Grégory, que le nom du ou des coupables soit enfin connu.

 Depuis 1981 les grands-parents paternels  et son père Jean-Marie Villemin ont été  destinataires de lettres et appels téléphoniques anonymes dans lesquels les sujets  étaient les secrets de famille, les questions de jalousie, de haine, de menaces. Après la mort de Gregory le père recevra une nouvelle lettre "j'espère que tu mourras de chagrin le chef. Ce n'est pas ton argent qui pourra te redonner ton fils. Voilà ma vengeance, pauvre con". Mais qui peut déverser  un tel message de haine à l'égard d'un père en deuil ?

Malgré son sujet, cette affaire aurait du, en temps normal, faire l'objet d'une brève ou de  simples articles dans   les télévisons et journaux  nationaux. Malheureusement, la maladresse ou incompétence d'un juge d'instruction, un journaliste local en manque de reconnaissance nationale, un avocat et un commissaire de police, sans doute en manque d'affaire exceptionnelle, des jeunes parents  endeuillés et détestés, pour ne pas dire haïs, par certains membres de leur famille,  créent une véritable  bombe médiatique. Elle explosera cette bombe : la Mère sera accusée et emprisonnée, le Père abattra d'un coup de fusil celui qu'il croit coupable. Ce sont  ajoutées la rivalité droite-gauche,  l'intervention de certains intellectuels de gauche particulièrement Marguerite Duras qui par son article "Sublime, forcément sublime Christine V"  croit défendre une mère infanticide. 
Depuis 1984 on a assisté et on continue d'assister de façon épisodique à un énorme déchaînement médiatique.

Les derniers rebondissements datent de juin 2017.
Question sans réponse à ce jour : La juge Claire Barbier en charge de l'affaire réussira-t-elle  à solutionner cette affaire ?

Merci à Babélio et aux éditions Seuil Les Jours de m'avoir adressé cet ouvrage très intéressant.

vendredi 16 mars 2018

LA FEMME DE L'OMBRE (Arnaldur INDRIDASON)

Comme  tous les lecteurs et lectrices  d'Indridason j'attends le retour d'Erlendur soit à ses débuts soit après sa disparition lors de ses congés. Toutefois  ce ne doit pas être  une raison pour ne pas apprécier sa nouvelle série "la trilogie des ombres".

Alternativement,  au cours des  premiers chapitres de ce deuxième tome,  nous faisons connaissance de "Elle" (la femme de l'ombre dont nous découvrirons le prénom vers la fin du livre) et retrouvons les jeunes enquêteurs du premier ouvrage Flavent et Thorson. 
A l'arrivée des Allemands au Danemark "elle" quitte seule  ce pays où elle était venue faire des études pour retourner dans son pays l'Islande, son fiancé Osvaldur ne l'ayant pas rejointe lors du départ . Après un trajet en car jusqu'en Finlande, c'est par bateau qu'elle regagne son pays. 
 Nos deux policiers enquêtent sur plusieurs affaires : le  corps d'un homme  rejeté par la mer, une agression sur un jeune homme près d'un bar à soldats, des jeunes femmes islandaises portées disparues.
Au cours de la lecture on constatera que ces  événements ne sont pas contemporains : "Elle" quitte le Danemark sans doute en 1940 après l'invasion par les Allemands  et c'est au printemps  1943 que  l'on retrouve  nos deux policiers.
En 1943, "Elle" habite  chez une tante à Reykjavik. A la suite de ses recherches elle a appris le sort qui a été réservé par les Allemands à son fiancé et à son ami Christian. Le noyé a été identifié. Ils ont été amants.
 Les recherches  sur l'agression suivie de mort du jeune homme ainsi que sur les disparitions sont  beaucoup plus difficiles et même dangereuses pour les enquêteurs,  des membres de l'armée américaine seraient concernés.

Honnêtement  j’avoue m'être un peu  ennuyée à la lecture des premiers chapitres, une impression de lenteur et même de répétition. Heureusement l'histoire s'accélère, le suspens s'installe, et l'intérêt se réveille !
Comme dans plusieurs  de ses  ouvrages, d'Indridason ne cache pas son hostilité vis à vis de l'occupation de son pays par les américains. Ils sont en terrain conquis, arrogants et méprisants  à l'égard des Islandais  : ".... je refuse d'être interrogé par un islandais....je préférerais que vous vous absteniez de parler dans votre charabia ridicule en ma présence..."

 En attente du troisième tome !




samedi 10 mars 2018

LA SORCIERE (Camilla LACKBERG)

La série de  Camilla Lackberg "Erica Falck et Patrik Hedström"  est une sorte de drogue douce. Une fois que nous y avons goûté , nous sommes sous son emprise. Heureusement, pas de risque de surdosage avec une prise par an depuis 2008.
Le cru 2017 "La Sorcière", un vrai pavé (près de 700 pages), est peut-être l'un des meilleurs  de la série.

Dans les précédents ouvrages, l'auteure nous racontait deux histoires sans lien apparent. L'une située dans le passé, objet du livre en cours d'écriture d'Erica, l'autre  un événement  survenant au début de l'ouvrage, nécessitant l'intervention du commissariat de police dirigé officiellement  par Mellberg et officieusement par Patrick. Le lien se faisait lors du dénouement.
Avec "La sorcière" c'est trois histoire qui nous sont racontées. L'une se situe en 1672, la lectrice que je suis n'a pas vraiment saisi au cours de sa lecture le lien avec les deux autres à l'exception du titre de l'ouvrage. En fin d'ouvrage une justification nous est communiquée.
Les deux principales histoires ont plus de lien que dans les précédents ouvrages. A trente ans d'intervalle, sur le même lieu,  deux petites filles disparues  sont retrouvés mortes. Les deux adolescentes qui s'étaient accusées du meurtre de Stella sont  présentes lors de la disparition suivie de mort de Néa. Elles seront interrogées par Patrick et bien sûr par Erica qui écrit sur le premier meurtre.
 La ville a ouvert un centre pour les émigrés syriens. Les partis d’extrême droite et raciste les mettent en cause dans la mort de l'enfant. Le commissariat de Fjällbacka est chargé de l'enquête. Melleberg se rappelant qu'il en  est le commissaire prend une initiative dont les conséquences seront désastreuses. 

Comme dans les précédents ouvrages nous entrons dans l'intimité de Patrick et Erica , dans celle de leur famille (enfants, belle-mère, sœur..) ainsi que dans celle des autres membres du commissariat. Nous nous réjouissons pour Martin qui retrouve un peu de bonheur...

Pour conclure je précise que j'ai apprécié ce livre. Il aborde des sujets d'actualité notamment   l'accueil des émigrés, l'ennui et l'insatisfaction des adolescents. Les heures de lecture que je lui ai consacrées sont passées très vite.


 

vendredi 2 mars 2018

CELLE QUI FUIT ET CELLE QUI RESTE (Elena FERRANTE)

Je viens de terminer le troisième tome de la série. Nous traversons  l'histoire de  la fin des années  60 à la fin des années 70.  Ce sont des années sombres notamment en Italie, violence entre groupes d’extrême droite et d’extrême gauche, brigade rouge, mafia... Contrairement aux deux ouvrages précédents où l'actualité politique et sociale était peu présente, l'auteure insère dans le déroulement de ce troisième volet de la saga des questions  politiques et sociales.

Les deux héroïnes atteignent la trentaine.
Elena vient de  terminer ses études  littéraires, son premier roman a obtenu du succès, elle est fiancée avec Pietro, professeur à l'université.  Avant son mariage elle revient vivre chez ses parents, l'accueil de ses anciens amis et voisins est assez mitigé car, pour  ceux qui l'ont lu ou ceux  qui en ont entendu parler, son livre a choqué ;  il y aurait des passages osés "olé olé". Elle prend en charge, sur le plan santé, son amie qui traverse une période difficile.
Lila,  séparée de son mari, vit avec son fils et Enzo en "collocation". Elle travaille dans une usine alimentaire, mal payée et harcelée par les collègues masculins ainsi que par le patron
Bruno Soccavo. Après avoir essayé d'obtenir, sans succès, des avantages sociaux pour l'ensemble du personnel, manipulée par des des étudiants d’extrême gauche, insultée par les fascistes, elle démissionne. Plus tard, et avec Enzo, elle se spécialisera dans l'informatique.

Le personnage d'Elena m'a légèrement agacée. Pendant sa période de fiançailles elle est  fière  non seulement de sa réussite personnelle mais aussi du niveau social et intellectuel de sa future belle famille. Une fois mariée, elle s'ennuie, n'écrit plus, l'arrivée de sa première fille ne semble pas la réjouir plus que cela, son mari lui paraît ennuyeux. Elle le trompe. Serait-elle devenue une nouvelle Emma Bovary ! En revanche Lila m'a impressionnée par son courage et  sa ténacité.

Que dire de leur amitié ? elle est sûrement très solide car  elle se maintient malgré  leurs rapports complexes dans lesquels se glissent de temps à autre  condescendance, haine, violence, jalousie .

Ce que j'apprécie dans cette saga c'est le talent de l'auteur de faire vivre autour d'Elena et Lila  de nombreux protagonistes dont  chacun possède une personnalité propre et approfondie. Pour moi le monde qu'elle a  créé ressemble plus à la réalité qu'à de la fiction.

Malgré tout le plaisir que j'ai eu à cette lecture, j'ai décidé de faire une pause et d'attendre, pour lire le tome quatre, sa parution en folio.