jeudi 23 août 2018

L'ART DE PERDRE (Alice ZENITER)


Ce livre nous raconte la vie d'une famille sur trois générations, récit  romanesque mais très inspiré par  la famille de l'auteure.
Lors  d'un interview  Alice Zeniter précisait "qu' à travers ce travail d'écriture, il s'agissait de combler les multiples silences qui la travaillaient depuis des années....  C'est aussi le silence de ce que veut dire être immigré, le silence de ceux qui arrivent dans un pays dont ils ne parlent pas la langue, dont ils ne possèdent pas les codes.."

 Le roman est divisé en trois grands chapitres, histoires  de  trois générations et de  trois personnages : Ali, Hamid, Naïma.

Ali est né en Kabilie. Adolescent dans les années 1930, n'exerce pas de vrai travail. S'engage dans l'armée française et  participe à la bataille de Monte Cassino. A son retour  trouve "miraculeusement"  un pressoir. Lui et ses frères s'installent comme presseur d'olives.  La famille connaît une sorte d'aisance financière.  Ali se marie pour la troisième fois. Yema a 14 ans. leur premier enfant est un fils, c'est Hamid. Ali est un  notable dans son village. Les années passent, les  Algériens se battent pour leur indépendance. Ali fait un mauvais choix, il choisi le côté français.

Septembre 1962, Ali et sa famille pose le pied en France. Ils sont "parqués" avec les autres harkis au camp de Rivesalte puis  transférés  au "logis d'Anne". Dans ce camp Ali travaille pour l'ONF. Hamid va à l'école dans une classe de rattrapage. L'instituteur ne leur apprend ni à lire, ni à écrire mais à dessiner et jouer au rugby. Plus tard Hamid dira "on ne peut pas en vouloir à cet homme, il nous a rendu heureux, je crois".
Nouveau déménagement  pour un logement HLM à Pont-Féron, près de Flers. Hamid va à l'école où lui et deux autres camarades seront pris en main par l'instituteur qui leur apprendra à lire et à écrire. A la fin de l'année scolaire Hamid est admis en 6eme ".
Après le Bac il passera un concours de la fonction publique. Il rencontre Clarisse et l'épouse. Ils auront quatre fille dont Naïma.
Le troisième grand chapitre est celui de Naïma. Elle travaille dans une galerie d'art à Paris. Son employeur (et amant) lui demande d'organiser une exposition des œuvres d'un vieux peintre Algérien. Cette exposition serait l'occasion pour elle de découvrir l’Algérie. Elle hésitera avant d'accepter le voyage. Au cours de son séjour elle se rend dans le village dont sa famille paternelle est originaire,  elle sera chaleureusement accueillie par les femmes.

Pourquoi  j'ai préféré les deux premières parties ?
Dans  "l'Algérie de papa" on  découvre le quotidien des Algériens dans un bourg rural avant puis pendant les "événements". On comprend  un peu le pourquoi du choix d'Ali.
Dans "la France froide" on  ne se sent pas  très fier de la manière dont ont été traités  les algériens qui ont choisi la France. On découvre  les difficultés de l'intégration notamment pour la première génération. Si on comprend la douleur d'Ali, patriarche déchu, dont le changement de statut social s'accompagne d'un changement dans l'autorité familiale puisqu'il doit abandonner certaines prérogatives à son fils aîné qui sait lire, écrire et parle français sans difficulté, on comprend également les ressentiments d'Hamid "j'ai détesté qu'ils me donnent tout et que eux arrêtent de vivre".
Enfin j'ai apprécié les  différents personnages qui constituent cette grande famille, et tout particulièrement la discrète Yema, mère de dix enfants ! 
 
Conclusion : excellent livre.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire