Ce très bref roman (93 pages) est un véritable petit bijou, malheureusement presque totalement inconnu.
Je ne l'ai pas découvert toute seule, bien sûr. Il est le premier de la liste des livres choisis par la jeune doctorante en lettres qui anime le café littéraire auquel je participe.
L'ouvrage a été publié à compte d'auteur au printemps 1914. L'auteur, fonctionnaire de la préfecture de Paris, se serait inspiré de sa propre carrière pour créer son personnage. Jean Dézert est un anti-héros, véritable rond de cuir, privé d'imprévu, sa vie une sorte de non-existence. Il s'offre toutefois un peu de fantaisie le dimanche.
"...Jean Dézert a fait sienne une grande vertu : il sait attendre. Toute la semaine il attend le dimanche. A son ministère, il attend de l'avancement, en attendant la retraite. Une fois retraité il attendra la mort. Il considère la vie comme une salle d'attente pour voyageur de troisième classe."
Sa rencontre avec Elvire lui apportera quelques semaines de vie réelle "des siècles d'ennui, Elvire, des siècles de bureau, s'exaltent devant la fantaisie que tu représentes à mon âme d'employé de ministère".
L'auteur d'origine bordelaise fut ami de François Mauriac, auteur de la préface. Il a été tué le 28 novembre 1914 au Chemin de Dames . Il avait 27 ans. La littérature française a, sans aucun doute, perdu ce jour-là un futur grand écrivain . Outre son bref roman, il a également écrit des poèmes et des contes .
"ces poèmes nostalgiques, ces proses que nous réunissons trahissent des influences......Mais ils témoignent magnifiquement qu'avec ce jeune homme a disparu tout un monde d'harmonie et de vie"(François Mauriac).
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